Comment travailler son instrument ? Petit guide en cinq points

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Comment travailler son instrument ? Petit guide en cinq points

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Photofusion/UIG
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Un musicien est un peu comme un grand sportif : pour travailler sa voix ou son instrument, il doit entretenir sa forme physique et psychologique. A condition de travailler intelligemment... Vous ne savez pas comment vous y prendre ? Suivez le guide .

Musiciens, parents de jeunes musiciens : vous ou votre petit génie butez encore et toujours sur le même passage de votre partition… et vous avez alors envie de jeter l'éponge ?

Cela arrive régulièrement, en dépit même des heures entières que vous avez passées à faire vos gammes ou à coacher votre musicien en herbe. Mais sachez qu’un musicien est comme un sportif de haut niveau : travailler le chant ou un instrument, cela veut dire entretenir à la fois sa condition physique et sa forme psychologique. A condition de travailler intelligemment pour éviter les coups d’épuisement ou la baisse de motivation. Nous vous proposons une stratégie qui vous permettra aussi bien de progresser que de garder le sourire.

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1.Travaillez régulièrement

En fonction de votre instrument, réservez quotidiennement un temps pour l’exercice

Votre professeur vous a certainement prévenu dès votre premier cours : il vaut mieux 10 minutes tous les jours, qu’une heure une fois par semaine. Dix ans plus tard, cette préconisation est toujours d'actualité. Les musiciens amateurs le savent bien : s’il vous est déjà arrivé de délaisser votre instrument pendant une longue période, les retrouvailles ont certainement été difficiles. Les muscles ne répondent plus, et la mémoire vous fait défaut… Vous avez peut-être retrouvé certains automatismes en jouant vos morceaux préférés, mais sans comparaison avec votre niveau passé. C’est parce que pratiquer la musique, cela veut dire tout d’abord être régulier dans le maintien de sa forme physique, mais aussi mentale.

C'est scientifique : lorsqu'il est face à de nouvelles informations, votre cerveau les emmagasine grâce à la mémoire de travail. Que vous repreniez un morceau de votre répertoire ou que vous abordiez une nouvelle oeuvre, la régularité du travail vous permettra d'intégrer progressivement les éléments nécessaires pour pouvoir avancer. En fait, selon les chercheurs, la mémoire peut retenir un nombre limité d’informations. Elle ne les garde que durant un certain temps puis les effacent avec d'autres. Donc, pour assimiler de nouvelles pratiques, il faut que la mémoire à long terme soit impliquée, celle qui a des capacités de stockage illimitées, mais qui a besoin d’un peu plus de temps.

Ne négligez pas les exercices techniques. De même que pour un grand sportif, les exercices techniques à petites doses régulières réchaufferont vos doigts ou vos cordes vocales, vous permettant ainsi de travailler leur élasticité. Plus le niveau et les exigences augmentent, plus on a besoin de temps pour travailler. Mais, comme nous le verrons ci-dessous, la quantité ne garantit pas forcément la qualité.

2.Fixez-vous des objectifs clairs

Tracez dans votre tête un cheminement qui vous permettra d'arriver à un objectif clairement défini.

Commencez par identifier les faiblesses de votre jeu : se situent-elles au niveau technique, de la mémorisation ou de l'interprétation ? Isolez ensuite les passages ou les éléments que vous souhaitez avoir réglés à la fin de séance.

Posez-vous les questions suivantes : que dois-je faire et comment ? Il ne vous suffit pas de vous imposer de jouer trois fois le même passage, trouvez un objectif supplémentaire. Par exemple, déterminez le tempo dans lequel vous souhaitez le jouer avec tous les paramètres qui vont avec : pas de fausses notes, bien articulé, avec le bon phrasé, avec les nuances.

Les paramètres qui rentrent en ligne de compte lorsque l'on travaille l'interprétation d'une oeuvre sont nombreux : vous pouvez travailler votre technique tout en travaillant la position et la souplesse, l'articulation, la qualité sonore, l'expressivité et le phrasé, la mémorisation. Chaque paramètre peut être un objectif précis. Tout cela pris ensemble, c’est déjà un beau programme.

3.Consacrez toute votre attention à votre instrument

Non, enchaîner des gammes en regardant votre série préférée à la télévision n’est pas une bonne façon de travailler

L'effort musculaire, s'il n'est pas conscient, est vain. Même si vous avez passé un long moment à jouer, sans pouvoir restituer toutes les étapes dans votre tête, et, surtout, sans pouvoir identifier les difficultés ou les faiblesses, c’est du temps perdu. Il aurait mieux fallu regarder votre série du canapé.

Prenez en compte également que la concentration n’est pas linéaire. Lorsque vous travaillez, arrive forcément un moment de saturation. Si vous sentez que vous perdez le fil, prenez un moment pour faire autre chose : jouez un morceau que vous connaissez déjà, laissez reposer votre instrument ou déchiffrez quelques lignes d’un morceau nouveau. Vous aurez des idées plus claires lorsque vous reprendrez votre ouvrage.

4.Identifiez vos faiblesses

En début de séance, jouez le morceau dans son intégralité et repérez ce qui vous pose problème

Enregistrez-vous ou jouez devant les autres. Analysez les fautes. Si vous pensez pouvoir les surmonter seul, consacrez-leur un moment et travaillez-les séparément. Une série d’octaves, les sauts ou les accords enchaînés pour les pianistes, par exemple, représentent un problème technique à part. Séquencez-les, abordez-les d’abord dans les tempi lents, ensuite de plus en plus vite. Cinq fois ou cinquante, tout dépendra de la qualité de votre travail séquencé.

Si toutefois vous ne trouviez pas de méthode tout seul ou si vous avez peu d’expérience, tournez-vous vers votre professeur avec des questions précises. Essayez ensuite d’intégrer la partie difficile à une phrase musicale, puis à une partie plus longue du morceau. Et seulement lorsque vous y arrivez bien, rejouez le morceau en entier.

5.Variez les angles d'attaque

Même si vous jouez ou chantez votre morceau depuis un moment et avez l’impression d’en connaître tous les recoins, sachez que cela peut vous jouer des tours

Très souvent, lorsque l’on apprend une nouvelle discipline, nous arrivons après un certain temps à un niveau où les automatismes s’installent. Cela est vrai pour la musique, comme pour la conduite, le tennis ou n'importe quelle autre discipline. Vous êtes capable de conduire ou vous arrivez à renvoyer la balle de votre adversaire. C’est le moment où nous pouvons dire que nous maîtrisons les bases, mais quelque chose nous empêche d’avancer. Pour y parvenir, il faut se définir de nouveaux défis, afin de remettre en cause ces automatismes et pousser ses propres limites.

Par exemple, vous avez bien appris un morceau, vous le jouez par cœur, assez correctement. Vous pouvez continuer à le jouer pendant des années, il restera au même niveau et peut même vous surprendre, parce que ce que vous avez cru gravé dans le marbre s’est peut-être estompé sans que vous vous rendiez compte.

Gare aux automatismes ! Selon les chercheurs, notre cerveau est programmé à réagir au changement. Une fois l'information enregistrée, si elle est répétée sans qu'il y ait de modifications dans le stimulus (c'est à dire à la source de l'information), à chaque répétition elle sollicitera un peu moins le cerveau. Et sa réponse sera de moins en moins pertinente. Donc, continuez à jouer, mais en variant les plaisirs : votre cerveau vous en sera reconnaissant.

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