Jérémie Moreau, révélation des Victoires de la musique classique 2022

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Jérémie Moreau, révélation des Victoires de la musique classique 2022

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Jérémie Moreau, révélation des Victoires de la musique classique 2022
Jérémie Moreau, révélation des Victoires de la musique classique 2022
- ©Stéphane Delavoye

Rencontre avec le pianiste Jérémie Moreau, nommé dans la catégorie “Soliste instrumental” des Victoires de la musique classique 2022.

Jérémie Moreau est un pianiste nommé dans la catégorie “Soliste instrumental” des Victoires de la musique classique 2022. Formé notamment au CNSM de Paris, il se perfectionne aujourd'hui à Berlin dans la classe d'András Schiff tout en se produisant comme soliste ou dans des formations de musique de chambre, notamment avec ses frères et sa soeur, musiciens également. Nous l'avons rencontré lors des répétitions au Studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique, vendredi 14 janvier.

Comment avez-vous découvert votre instrument ?

Mes parents étaient très mélomanes sans être musiciens et voulaient que leurs quatre enfants aient une éducation musicale. On a tous fait du piano, comme instrument de base, en plus d’un autre instrument. Moi j’ai fait du violon en parallèle mais à chaque fois que je me mettais au travail, je commençais à pleurer, c’était mauvais signe ! A la place, j’ai fait de la danse classique. Au piano, j’étais très attentif et concentré, moi qui étais plutôt agité comme enfant, et finalement je suis le seul de la fratrie qui ait vraiment accroché avec l’instrument.

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Le piano, au début, c’est assez facile, comparé au violon par exemple, parce qu’il suffit d’appuyer sur une touche pour que la note sonne. D’ailleurs mon professeur aujourd’hui, András Schiff, dit avec humour que tout le monde est capable de faire une belle note au piano, par contre peu de personnes arrivent à faire la seconde note belle. Ça résume un peu l’idée du piano.

Comment se sont poursuivies vos études ?

J’ai eu la chance d’avoir été encadré par une professeure, Françoise Ragon, avec qui j’ai commencé et qui m’a accompagné tout au long de mon parcours en me faisant aimer la musique. Pour un enfant, ce n’est pas forcément évident de comprendre la beauté et la grandeur de la musique, des arts en général, et elle m’a appris à quel point c’était important et beau. C’est une chance assez incroyable, parce que, souvent, quand les parents mettent des enfants à la musique, ça reste assez superficiel et c’est normal qu’un enfant à six ans ait plutôt envie d’aller jouer au foot que de se mettre au piano. Donc je lui suis très reconnaissant d’avoir pris le temps de me faire aimer la musique.

Ensuite j’ai intégré le CRR de Paris puis à 15 ans je suis entré au CNSM de Paris et depuis 4 ans j’étudie avec András Schiff à Berlin.

Qu’est-ce qui vous a décidé à en faire votre métier ?

Dans ma famille, c’est un peu particulier, il y avait une sorte d’évidence à être musicien. Peut-être qu’adolescent, j’ai pu avoir des doutes, quand j’étais au CNSM de Paris par exemple, où l’ambiance n’était pas toujours évidente. Mais, même si c’est dur, il ne faut pas abandonner parce que c’est trop bête : une vie où la musique à une telle place, c’est quand même assez extraordinaire.

Il y a aussi une différence entre aimer la musique et la jouer : les concerts peuvent être très durs avec le stress, la pression mais dans ce cas on ne peut s’accrocher qu’à la musique. Et quand je commence une pièce de Mozart, je me dis que c’est tellement extraordinaire que je ne peux pas faire autre chose.

Comment travaillez-vous votre instrument ?

C’est un travail qui demande une grande rigueur, comme pour tous les instruments, mais au piano particulièrement : on a énormément de notes à apprendre et un répertoire gigantesque. Donc c’est quatre ou six heures de travail quotidien !

Et il y a plusieurs sortes de travail : il y a la découverte de l'œuvre qui est très intéressante, mais, si on a une échéance particulière, il faut un entraînement un peu plus acharné. Après je ne suis pas toujours courageux : quand je n’ai pas envie de travailler, je me force rarement. Beaucoup de pianistes ont tendance à s’acharner mais moi je n’aime pas trop ce côté sportif.

Avez-vous un rêve comme musicien ?

Peut-être qu’un jour j’aimerais faire l’intégrale des concertos de Mozart. Il y en a beaucoup !

Qu’est-ce que ça changerait pour vous d’obtenir cette Victoire de la musique ?

Ça m’apporterait une visibilité d’un public un peu plus large, des opportunités de travail et peut-être un regain de confiance. C’est en tout cas très flatteur.

C’est aussi une situation particulière puisque je suis le troisième de ma famille à être nommé comme révélation. Mon frère Edgar m’a d’ailleurs dit que les Victoires, c’était ce qu'il avait vécu de plus stressant de sa vie : ça donne du courage ! Mais c’est vrai qu’on joue peu et que la vidéo sera très vue, c’est donc une pression assez intense.

Un proche, un musicien ou un artiste qui vous a donné envie de faire de la musique ?

Ma professeure Françoise Ragon qui m’a vraiment appris le piano. Mais aussi András Schiff. J’ai de la chance de travailler avec cet artiste extraordinaire qui m’a fait me rendre compte de la grandeur de la musique. On part d’un simple papier avec de la musique, et quand on interprète vraiment ce qu’ont écrit les grands compositeurs, le résultat peut sembler totalement irréel.

Les cours avec lui sont très intenses, on est quatre élèves  et pendant cinq heures on joue et on s’écoute les uns les autres. C’est comme une cérémonie hors du temps, on est totalement dans le monde des compositeurs. Il nous apprend à ne pas dévier de l’essentiel !

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