Quand la musique européenne rencontre la musique chinoise au XVIIIe siècle

Publicité

Quand la musique européenne rencontre la musique chinoise au XVIIIe siècle

Par
Les membres du Concert de l'Hostel Dieu et de l'Ensemble Huaxia réunis sur scène
Les membres du Concert de l'Hostel Dieu et de l'Ensemble Huaxia réunis sur scène
- Concert de l'Hostel Dieu

Le Concert de l'Hostel Dieu présente un concert atypique vendredi 8 mars au Musée Guimet. Conçu autour de deux musiciens du XVIIIe siècle qui ont vécu à la Cité Interdite à Pékin, le programme retrace la rencontre de la musique occidentale et chinoise.

Une sonate de Corelli qui résonne au cœur de la Cité Interdite de Pékin au début du XVIIIe siècle. La scène peut paraître irréelle mais elle a bien eu lieu. Cette rencontre entre musique occidentale et musique chinoise constitue le point de départ de « Baroque au Pays des fils du Ciel », concert présenté par Le Concert de l'Hostel Dieu vendredi 8 mars au Musée Guimet à Paris. 

Créé en 2017 lors d'une tournée en Chine,  le spectacle de l'ensemble baroque lyonnais s'est intéressé à deux figures qui ont vécu à la cour impériale de Chine au XVIIIe siècle. En premier, Teodorico Pedrini, missionnaire lazariste et musicien, envoyé par le pape Clément XI pour répondre au souhait de l'empereur Kangxi de s'entourer d'artistes européens. Il y vivra de 1711 à sa mort en 1746. Puis, de 1751 à 1793, C'est au tour de Joseph-Marie Amiot, jésuite et musicologue, de vivre à la cour impériale. 

Publicité
Musique en régions
12 min

Pour Franck-Emmanuel Comte, directeur musical du Concert de l'Hostel Dieu, la figure de Pedrini est intéressante puisqu'il arrive en Chine avec des instruments européens, clavecins, orgues, etc. Il est en charge d'entretenir le parc instrumental de la Cité Interdite. « Nous savons qu'il a enseigné la musique européenne aux fils de l'empereur et que lui-même s'est beaucoup intéressé à la musique traditionnelle chinoise. Cela a donné lieu des concerts au sein de la Cité Interdite où se mélangeaient les influences, les instruments. Nous avons donc souhaité recréer cette rencontre entre la musique chinoise traditionnelle et la musique européenne » explique-t-il. 

Sur scène, quatre musiciens du Concert de l'Hostel Dieu, ainsi que 5 musiciens chinois de l'ensemble Huaxia, accompagnés de leurs instruments traditionnels. Tour à tour, ils jouent du Corelli, du Pedrini, qui a vraisemblablement composé lors de son séjour en Chine, des chants traditionnels du Shanxi, une province située au sud-ouest de Pékin, arrangés pour instruments européens et chinois. Au programme également, des airs chinois retranscris par la main de Joseph-Marie Amiot. 

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Amiot, pionnier de l'ethnomusicologie 

Le jésuite a constitué un précieux recueil de 41 airs joués à la cour impériale dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Agissant en véritable pionnier de l'ethnomusicologie, il a transcrit, recopié, traduit en français puis en notation musicale européenne cette musique, laissant une formidable archive de la musique impériale de cette époque. C'est notamment grâce à Amiot que la France des Lumières prend connaissance de la musique et de la culture chinoise. 

L'ethnomusicologue François Picard, qui enseigne à Paris Sorbonne, a pu constater sur place que le travail de Joseph-Marie Amiot a également perduré dans les associations musicales catholiques chinoises, qui sont en charge des chants liturgiques. « Je me suis rendu dans des villages catholiques en périphérie de Pékin. J'ai trouvé dans leur bibliothèque un livre qui s'appelle Cahier de musique et dans lequel on retrouve les mêmes airs recopiés par Amiot qu'il avait envoyé en France et qui sont conservés à la Bibliothèque nationale. Plus de deux siècles plus tard, les mêmes chants ont été transmis à travers l'imprimerie et le fait de les jouer avec des amis. Ce sont aujourd'hui des airs qui servent lors des messes catholiques chinoises », précise l'ethnomusicologue. 

Joseph-Marie Amiot a également compilé des textes dans un recueil intitulé Mémoire de la musique des Chinois tant anciens que modernes écrit en 1776 et publié en France en 1779. Un texte qui connaîtra une résonance importante dans les salons parisiens s'intéressant à la Chine. Amiot enverra également de nombreux instruments de musique avec une description de la façon dont ils doivent être joués. 

Baroque au pays des Fils du Ciel par le Concert de l'Hostel Dieu, le vendredi 8 mars à 20h au Musée Guimet, Paris XVI. Une conférence est proposée en avant-concert à 18h. 

Le portrait contemporain
1h 00
pixel