Maria Callas : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur la diva

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Maria Callas : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur la diva

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Maria Callas (1923- 1977)  dans le film ‘Medea’ du réalisateur italien Pasolini, en 1969
Maria Callas (1923- 1977) dans le film ‘Medea’ du réalisateur italien Pasolini, en 1969
© AFP - Archives du 7ème Art / Photo 12

Indémodable et indétrônable Maria Callas. Disparue depuis près d’un demi-siècle, la chanteuse continue à faire parler, tant et si bien que l’on croirait tout savoir de la Divina assoluta. Et pourtant…

Sur scène, elle apparaissait aussi fragile que inébranlable. Maria Callas, la diva de l’opéra, la légende lyrique du XXe siècle. Aujourd’hui encore, qu’on adore ou qu’on déteste sa voix, ses interprétations ne laissent personne indifférent.

Que reste-t-il à apprendre sur la chanteuse ? Peut-être ces dix (petites) choses méconnues, moins commentées que ses frasques ou scandales, et qui retracent pas à pas le parcours de cette incroyable interprète.

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Le vilain petit canard

L’enfance de la Callas a largement été commentée, par l'intéressée même, d’ailleurs. Un père absent, une mère instable, colérique et frustrée, incapable d’affection mais qui s’est employée, en revanche, à exploiter le talent musical de sa fille.

Cecilia Sophia Anna Maria Kalogeropoulos naît le 2 décembre 1923 à Manhattan, New York, dans une famille d'origine grecque. Le souvenir qui hante la chanteuse, c’est celui d’une enfance complexée. Petite fille ronde et myope, elle est même persuadée que sa mère préfère sa grande soeur, Jackie. Ce n’est qu'en chantant que Maria parvient à s'affranchir de ses complexes physiques.

De gauche à droite : Maria Callas, sa mère Evanghelia et sa soeur Jackie. A Athènes, en 1940.
De gauche à droite : Maria Callas, sa mère Evanghelia et sa soeur Jackie. A Athènes, en 1940.
© AFP - Leemage

Au cœur des arènes de Vérone

C’est en Italie, à Vérone, que la jeune chanteuse décroche son premier rôle-titre, celui de La Gioconda dans l’opéra éponyme de Ponchielli. Vérone, théâtre des amours de Roméo et Juliette mais aussi de celles de Maria Callas, qui y rencontre son futur mari.

Il s’appelle Giovanni Battista Meneghini. Homme d’affaires italien, il est bien plus âgé que Maria et tombe éperdument amoureux d’elle. Dès lors, Meneghini est partout dans l’ombre de la chanteuse, endossant le rôle de l'amant puis de l'époux, du confident et du manager.

Juin 1947 : Maria Callas en chemin vers l'Italie, photographiée à bord du transatlantique.
Juin 1947 : Maria Callas en chemin vers l'Italie, photographiée à bord du transatlantique.
© AFP

Maria et ses voix

Soutenue par Meneghini ainsi que par le chef d’orchestre Tullio Serafin (rencontré lui aussi à Vérone), Maria Callas conquiert peu à peu toutes les scènes de la péninsule italienne. Venise, Trieste, Gênes, Turin, Pise, Florence, Rome : la chanteuse est partout et endosse tous les rôles.

Ce qui va faire d'elle un phénomène, une Diva de l’opéra, c’est sa capacité à tout chanter. Elle sait user de la puissance dramatique de ses sons graves comme de l'éclat de ses notes aiguës. En 1949, elle épate la critique en interprétant au cours de la même semaine deux rôles bien distincts, voire opposés : celui de Brünnhilde, déesse puissante et guerrière dans La Walkyrie de Wagner, et celui d’Elvira, délicate et romantique dans Les Puritains de Bellini.

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Icône mais pas modèle

Le chant et le jeu de Maria Callas bouleversent les codes jusque-là bien établis de la scène lyrique. En plus de sa virtuosité vocale, elle apporte à l’opéra une dimension théâtrale, une exigence de jeu et de présence à laquelle devront se plier ses successeurs.

Pourtant celui ou celle qui tenterait de l’imiter prendrait le risque du ridicule. Car il n’y a probablement que La Callas pour se permettre autant d’éloquence. Idem pour son chant : la technique de la Diva n'est que très rarement prise pour modèle. Nombreux sont ceux à commenter ses prises de risque qui auraient contribué à la détérioration de sa voix.

Maria Callas dans "Médée" au Convent Garden, Londres, le 17 juin 1959.
Maria Callas dans "Médée" au Convent Garden, Londres, le 17 juin 1959.
© AFP - Leemage

Sa première fois à la Scala

Maria Callas est pour la première fois invitée à la Scala de Milan en 1950, remplaçant au pied levé la soprano Renata Tebaldi dans le rôle-titre d’Aida, opéra de Giuseppe Verdi. Mais sa performance ne rencontre pas le succès escompté : le public ne témoigne d’aucun enthousiasme particulier et les critiques sont, le lendemain, plutôt mauvaises. Sa voix est jugée inégale, forcée.

Une décevante première fois qui sera vite oubliée : dès l’année suivante, la Callas est de nouveau invitée par le théâtre milanais pour la production des Vêpres Siciliennes de Verdi. Cette fois-ci, c'est un triomphe. Jusqu'à la fin des années 1950, la Diva règne sur la Scala, prestigieuse et exigeante institution européenne.

Milan, Théâtre de la Scala, 19 avril 1950 : la soprano Maria Callas se prépare pour son rôle dans l'opéra "Aïda".
Milan, Théâtre de la Scala, 19 avril 1950 : la soprano Maria Callas se prépare pour son rôle dans l'opéra "Aïda".
© AFP - ARCHIVI FARABOLA

My fair lady

Voilà un nouvel épisode de la vie de Maria Callas qui aura fait couler beaucoup d’encre : sa transformation physique. En un temps record (moins de deux ans), la chanteuse perd plus de trente kilos.

Son modèle féminin ? L’actrice Audrey Hepburn. Et tout comme le personnage que cette dernière incarne dans My fair lady, Maria Callas a un Pygmalion, un professeur Higgins qui affine son look, lui fait travailler sa gestuelle. Il s’agit du réalisateur italien Luchino Visconti qui, au début des années 1950, s’extasie aussi bien devant le charisme de la Diva que face à sa nouvelle taille de guêpe.

De la collaboration entre la Callas et Visconti naissent cinq opéras, dont la mise en scène mythique de La Traviata de Verdi en 1955, à la Scala. Une nouvelle ère s’ouvre désormais pour toutes les cantatrices : il faut être belle. Cinématographique. Fine et élégante comme Maria lorsqu’elle est Violetta, vêtue d'une élégante robe Liberty.

A gauche : Audrey Hepburn en 1961 dans le film "Breakfast at Tiffany's". A droite : Maria Callas à Londres, en 1959.
A gauche : Audrey Hepburn en 1961 dans le film "Breakfast at Tiffany's". A droite : Maria Callas à Londres, en 1959.
© AFP

Maria fait son cinéma

La Callas est une Diva, dans tous les sens du terme, même le plus péjoratif. On ne compte plus ses caprices et scènes de colère relayées par les journalistes. Avec la presse, justement, Maria joue avec le feu. Elle collectionne chaque article, chaque critique qui mentionne son nom, contribuant elle-même au culte de sa personne. Elle n'hésite pas non plus à se confier, à partager des détails intimes de son enfance ou de ses amours.

Cependant elle se trouve parfois rattrapée par l’intrusion des paparazzi ou la critique acerbe des spécialistes. Car voilà que peu à peu, sa voix s’essouffle, se détériore. Dans les années 1960, absorbée par sa relation amoureuse avec le milliardaire grec Aristote Onassis, Maria Callas ne chante presque plus et s’essaye à d’autres genres. Le cinéma, par exemple, sous l’œil du réalisateur Pasolini, mais l’expérience ne sera pas renouvelée.

Maria Callas sur le tournage du film "Médée" de Pier Paolo Pasolini, tourné en 1969.
Maria Callas sur le tournage du film "Médée" de Pier Paolo Pasolini, tourné en 1969.
© Getty

Carmen, jamais sur scène

La version de l'opéra Carmen que Maria Callas enregistre sous la baguette du chef Georges Prêtre, en 1964, fait aujourd’hui encore référence. Ce n’est pourtant pas la Diva à son apogée que l’on entend dans cet enregistrement, mais la Callas en déclin. Une voix usée par le surmenage et l’amaigrissement.

Or cette voix sombre, éraillée et instable colle parfaitement au personnage de Carmen. Passionnée et dangereuse. Déterminée et bohème. La Callas ne lui donnera pourtant pas corps, puisqu’elle ne chantera jamais l’opéra de Bizet en intégralité sur scène.

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Dix ans de solitude

Après 1965, on ne voit plus la Callas à l’opéra. Il y aura certes une dernière tournée avec son partenaire de longue date (et nouvel amant) Giuseppe di Stefano. Mais si la présence scénique de Maria fascine encore et toujours le public, sa voix, elle, n’est malheureusement plus là.

« Depuis que j’ai perdu ma voix, je veux mourir. Sans ma voix, qu’est-ce que je suis ? Rien », aurait-elle confié à sa sœur Jackie. Ses dernières années, Maria Callas les passe seule, recluse dans son appartement parisien, pleurant la mort d'Aristote Onassis, un amant qui ne l'aura jamais épousée. Elle s'éteint à Paris, le 16 septembre 1977.

Mystères autour de sa mort

Au lendemain du décès de l’iconique chanteuse, on parle d’une embolie pulmonaire. Mais près de trente ans plus tard, en 2010, deux médecins italiens contredisent ce diagnostic en statuant sur la dégénération d’une maladie des cordes vocales.

Une conclusion médicale qui vient clore toute une série d’hypothèses et de fantasmes : la Diva se serait suicidée, aurait été assassinée… Comme toutes les légendes, Maria Callas ne cessera jamais d’intriguer, de faire parler, et ce, même après sa mort.

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