Quelles sont les meilleures versions : d' "Ah vous dirai-je Maman", la "Valse triste" et le choeur" Va, pensiero" ?
Jérôme Bastianelli, Emmanuelle Giuliani et Piotr Kaminski élisent les versions de référence des Variations « Ah vous dirai-je maman de Mozart, de la Valse triste de Sibelius et du chœur « Va, pensiero » de Verdi.

(ré)écouter l'émission : La Tribune des critiques de disques du 02 juillet 2017.
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Quelle est la meilleure version des Variations Ah vous dirai-je maman de Mozart ?
compte-rendu Ah vous dirai-je Maman :
Assez brutal, précieux, et sur-articulant, Aldo Ciccolini joue tout sauf les délicieuses Variations de Mozart. Sortie immédiate et sans regret.
Que se passe-t-il dans le Mozart de Clara Haskil ? Pas grand-chose justement : devant tant d’élégance polie et de simplicité feinte, on se dit que cette grande dame fait fausse route. Déception.
Que ce jeu est raide, ce pianoforte ingrat ! Jos Van Immerseel fait ressortir les aspérités de « Ah vous dirai-je maman » jusqu’à le rendre inutilement agressif. Toutefois on peut aussi y entendre une certaine irrévérence.
De la classe, de la fantaisie, et un poil d’esbroufe par la même occasion : Kristian Bezuidenhout s’en donne à cœur joie et livre un Mozart gouailleur, insolent, semblant improviser les Variations à mesure qu’elles s’écrivent. Alors, tant pis si ça vire au catalogue d’effets…
Daniel Barenboim ou la vision classique par excellence. Car rien ne déborde de ce Mozart bien huilé, où les Variations sont sages comme une image. Mais c’est plein de charme, et en dépit d’accents un tantinet virils, délicieusement ourlé.
Ici, l’irrévérence est crâneuse et assumée. Surtout, elle s’accompagne d’une sonorité enveloppante, et derrière quelques facéties, d’une irrépressible logique interne. Un « Ah vous dirai-je maman » tendre, aérien, virevoltant… Et puis, quels doigts ! Merci Fazil Say !
palmarès Ah vous dirai-je Maman :
N°1
Version E
Fazil Say (Erato, 1997)

N°2
Version A
Daniel Barenboim (EMI, 1991)

N°3
Version F
Kristian Bezuidenhout (HM, 2013)

N°4
Version D
Jos Van Immerseel (Accent, 1980)

N°5
Version C
Clara Haskil (DG, 1960)

N°6
Version B
Aldo Ciccolini (EMI, 1981)

Quelle est la meilleure version de la Valse triste de Sibelius ?
compte-rendu Valse triste de Sibelius :
Langoureux ou guillerets sans qu'on sache pourquoi, les épisodes de la valse se succèdent sans intrication ni imbrication. On accélère, on ralentit, bref, ce maillage incohérent trahit un climat improbable : Leonard Bernstein s'égare.
Jukka-Pekka Saraste et la Radio finlandaise déploient des atours rutilants : cette Valse triste sonne avec fierté et opulence mais en revanche ne raconte rien, retranchée derrière sa noblesse un peu hautaine.
A nouveau une impression de creux et de décousu : la somptuosité du San Francisco Symphony n’efface pas l’aspect patchwork ébauché par Herbert Blomstedt, qui s’enlise dans cette page, ni vraiment valse, ni vraiment triste…
Valse lasse ou valse triste ? Si Neeme Järvi glisse ça et là de petites manières, avec ralentis et accélérations, il trouve d’emblée la pulsation juste et peint un paysage nostalgique troublant. On aime.
Quelle noirceur ! La Valse triste de Mariss Jansons se veut tragique, funèbre même, dès le premier pizzicato. Cela aussi grâce à une admirable gestion des silences qui sont autant de gouffres et de non-dits.
Un sentiment d’évidence, une intime compréhension de l’œuvre, et un orchestre majeur, maîtrisant une gamme inouïe de dynamiques. Osmo Vänskä cisèle une valse toute en reliefs et miroitements, d’une douleur rentrée et d’un lyrisme sans pathos. On plonge dans les brumes nordiques puis on se laisse happer par ce Sibelius minéral et organique. Splendide.
palmarès Valse triste de Sibelius :
N°1
Version C
Orchestre symphonique de Lahti, dir. Osmo Vänskä (Bis, 2007)

N°2
Version F
Orchestre philharmonique d’Oslo, dir. Mariss Jansons (EMI, 1992)

N°3
Version A
Orchestre symphonique de Göteborg, dir. Neeme Järvi (DG, 1995)

N°4
Version E
San Francisco Symphony, dir. Herbert Blomstedt (Decca, 1991)

N°5
Version D
Orchestre symphonique de la Radio finlandaise, dir. Jukka-Pekka Saraste (Sony, 1987)

N°6
Version B
New York Philharmonic, dir. Leonard Bernstein (Sony, 1969)

Quelle est la meilleure version du chœur Va, pensiero de Verdi ?
compte-rendu choeur Va, pensiero de Verdi :
Qui aurait cru que le chœur de la Scala de Milan, sous la direction de Claudio Abbado, ânonnerait « Va, pensiero » sans qu’on en saisisse un seul mot ? Quelle claque !
Dans sa fameuse intégrale, Lamberto Gardelli fait à peine mieux et laisse ce chœur emblématique de Verdi se noyer dans un bouillon sonore et linguistique : est-ce encore de l’italien ?
L’accent du Chœur de l’Opéra de Berlin interpelle à nouveau, et si Giuseppe Sinopoli soigne l’accompagnement, son « Va, pensiero » peine à s’animer… Poussif.
Carlo Rizzi oblige son chœur à articuler mais l’expression générale demeure plate et atone, comme si le destin des esclaves laissait nos choristes imperturbables. Comme cela manque de caractère !
Voici que le marbre s’anime. Si le chœur dresdois ne tient pas toutes ses promesses, l’allant général insufflé par Silvio Varviso agit comme un vent frais. Bien sûr, la pièce est ici trop joyeuse, mais cette énergie conquérante et populaire, verdienne en diable, emporte l’adhésion.
Attention : Riccardo Muti n’est pas n’importe quel chef de théâtre : nuances et couleurs flamboient dans son « Va, pensiero », comme si chacun des membres de l’Ambrosian Opera Chorus incarnait une voix du peuple juif. Non seulement on comprend le texte, mais il s'élève enfin la ferveur, l'émotion et l'humanité attendues. Bis!
palmarès choeur Va, pensiero de Verdi :
N°1
Version C
Ambrosian Opera Chorus, Philharmonia Orchestra, dir. Riccardo Muti (EMI, 1978)

N°2
Version E
Chœurs de l’Opéra de Dresde, Staatskapelle de Dresde, dir. Silvio Varviso (Philips, 1983)

N°3
Version F
Chœurs et Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile, dir. Carlo Rizzi (Teldec, 1992)

N°4
Version D
Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Berlin, dir. Giuseppe Sinopoli (DG, 1982)

N°5
Version A
Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Vienne, dir. Lamberto Gardelli (Decca, 1965)

N°6
Version B
Chœurs et Orchestre de la Scala de Milan, dir. Claudio Abbado (DG, 1974)
