Quelle est la meilleure version du Concerto pour piano en la mineur op.54 de Robert Schumann ?
Elsa Fottorino, Christian Merlin et Aurélie Moreau élisent la version de référence du Concerto pour piano de Schumann.
(ré)écouter l'émission : La Tribune des critiques de disques du 12 février 2017
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compte-rendu
Seuls ont été pris en compte les enregistrements des 20 dernières années
Que d’épanchement dans le jeu d’Evgeny Kissin, dont le Schumann devient une caricature de romantisme. Lent et lourd, Colin Davis n’aide pas et favorise le narcissisme de son soliste.
L’entrée est tonitruante, et tout au long du premier mouvement, Hélène Grimaud multiplie les accents et les déséquilibres rythmiques, probablement pour instiller une tension… laquelle retombe vite ; cette impression de morcellement détruit l’unité du Concerto, face à une Staatskapelle de Dresde en petite forme.
Des doigts d’acier, une musicalité renversante, une imagination qui s’envole : Martha Argerich déploie un attirail technique qui laisse pantois. Mais le Concerto de Schumann appelle-t-il pareil étalage de virtuosité ? On en oublierait presque l’orchestre, qui file droit sous la battue rectiligne de Rabinovitch. Et pourtant Martha demeure Martha… c’est-à-dire irremplaçable.
L’équipe est divisée à propos de la version « historiquement informée » du tandem Melnikov/Heras-Casado. Le piano Erard de 1837 s’encanaille avec des cors naturels et des cordes en boyaux, et de cet alliage inconfortable surgissent des phrasés secs et des sonorités un peu rugueuses. Les uns goûtent les teintes inédites de cette relecture (à la justesse parfois relative), les autres rejettent en bloc son côté expérimental.
Grand piano, grand style, grand orchestre : Leif Ove Andsnes et Mariss Jansons jouent la carte de l’équilibre, de l’élégance, où clavier et pupitres s’épousent en d’admirables sonorités fondues. On aimerait qu’Andsnes fende quand même l’armure dans le second mouvement, un peu court de sentiments. Mais la grâce, l’épure, la simplicité dominent.
Voici, sous les doigts étincelants de Murray Perahia, l’âme de Schumann mise à nue, dans un Concerto qui rayonne de poésie et de lyrisme. Avec la complicité d’Abbado et d’un Philharmonique de Berlin des grands soirs, tout cela chante, frémit, s’élève, cultivant un ciselé instrumental et un sens de la grande ligne qui vont droit au cœur. La référence.
palmarès :
N°1
Version B
Murray Perahia, Orchestre Philharmonique de Berlin, dir. Claudio Abbado (Sony, 1994)
N°2
Version A
Leif Ove Andsnes, Orchestre Philharmonique de Berlin, dir. Mariss Jansons (Warner, 2002)
N°3
Version D
Alexander Melnikov, Freiburger Barockorchester, dir. Pablo Heras-Casado (HM, 2014)
N°4
Version E
Martha Argerich, Orchestre de la Suisse italienne, dir. Alexandre Rabinovitch-Barakovsky (Warner, 2002)
N°5
Version C
Hélène Grimaud, Staatskapelle de Dresde, dir. Esa-Pekka Salonen (DG, 2005)
N°6
Version F
Evgeny Kissin, Orchestre Symphonique de Londres, dir. Colin Davis (EMI, 2006)