Les 150 ans de la mort de Berlioz commémorés à Londres avec son monumental Requiem

Publicité

Les 150 ans de la mort de Berlioz commémorés à Londres avec son monumental Requiem

Par
La cathédrale Saint Paul à Londres qui va accueillir le Requiem de Berlioz
La cathédrale Saint Paul à Londres qui va accueillir le Requiem de Berlioz
© Getty - Julian Elliott Photography

La cathédrale Saint-Paul à Londres accueille, vendredi 8 mars 2019, plus de 300 musiciens et choristes pour l'interprétation du Requiem de Berlioz. Un événement qui commémore les 150 ans de la mort du compositeur français.

Pour répéter une oeuvre aussi monumentale que le Requiem de Berlioz, une scène de théâtre ne suffit pas. Les 100 musiciens du Philharmonia Orchestra et 200 choristes investissent donc, deux jours avant le concert, le parterre et les balcons de l'Hôtel de Ville de Waltham Forest, à l'est de Londres. Le chef de chœur cède la place au chef d’orchestre John Nelson, et la répétition peut commencer. 

« Je me sens bien, témoigne le chef américain_. J'ai des musiciens formidables autour de moi, deux des plus talentueux choeurs de Londres [le Philharmonia Choir et le London Philharmonic Choir], Michael Spyres, qui est mon ténor favori dans ce répertoire… Donc je suis très impatient, ce sera une grande occasion. » _

Publicité

L’événement est de taille. Le concert est donné le jour de la mort d’Hector Berlioz, dans une ville chère au compositeur : « Il adorait Londres, y venait souvent et les Britanniques appréciaient beaucoup sa musique, plus que les Français », témoigne James Jolly, rédacteur en chef du magazine Gramophone. Le lieu aussi est symbolique : c’est dans la cathédrale Saint-Paul que Berlioz a entendu un jour un concert avec 6 500 enfants choristes, événement « qui fut l’un des plus grands moments de sa vie » rapporte le ténor Michael Spyres.  

À réécouter : Berlioz et l’orchestre
Au coeur de l'orchestre
1h 58

Un défi de taille

L’acoustique de l’édifice reste un des enjeux principaux de ce Requiem : « C’est ce qui va en faire un événement différent, explique John Nelson. Je me souviens d’un de mes premiers Requiem, à Lyon, qui se déroulait dehors avec 1000 chanteurs. L’acoustique était terrible, c’était tellement sec ! Ici, nous avons l’extrême inverse, quelque chose de tellement généreux… ». Le concert sera capté par Warner Classics et filmé pour la chaîne Mezzo et Medici.tv. « Il faut graver ce moment », témoigne le chef d’orchestre. 

En attendant, les musiciens et choristes se préparent à cette expérience hors du commun. Tessa Bartley, choriste et directrice du London Philharmonic Choir, témoigne elle aussi de la difficulté de chanter dans un lieu comme la cathédrale Saint-Paul : « Ce n'est pas un lieu connu pour son acoustique pour des concerts car c'est difficile de faire traverser les sons : la musique s'élève surtout vers le dôme. Mais c'est un symbole de pouvoir chanter cette oeuvre dans cette cathédrale et nous sommes très chanceux d'avoir cette opportunité ».  

Classique info
5 min

Berlioz et Londres, une histoire d'amour

Jouer la musique de Berlioz à Londres est aussi un symbole car le compositeur français y a toujours récolté un succès plus important qu’en France. « Nous aimons Berlioz et nous le connaissons bien », proclame James Jolly. Mais pourquoi cet engouement britannique pour de la musique française ? « Il y a quelque chose de l'ordre du tempérament de ce compositeur, mais il faut peut-être aussi chercher du côté des orchestres britanniques connus pour apprendre très vite les partitions, donc peut-être qu’ils ne trouvaient pas la musique de Berlioz difficile à jouer par rapport à d'autres pays », raconte le rédacteur en chef de Gramophone. 

Hamilton Harty, Thomas Beecham, Colin Davis, John Eliot Gardiner.... Les chefs britanniques ont été nombreux à diriger la musique de Berlioz, autre témoignage de l’amour que porte l’Angleterre à sa musique. Le Requiem du vendredi 8 mars sera plutôt sous le signe des Etats-Unis avec un chef et un soliste américain. Un mélange de cultures qui n’est pas pour déplaire à Michael Spyres : « La musique est un pont pour comprendre et unifier deux groupes que sont normalement les artistes et le public. Mais ces dernières années, j'ai réalisé que cette unification pouvait aussi être un moteur pour rassembler différents pays et différentes langues. » 

pixel