Ludwig van Beethoven : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le compositeur

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Ludwig van Beethoven : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le compositeur

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Portrait de Ludwig van Beethoven composant Missa Solemnis par Joseph Karl Stieler
Portrait de Ludwig van Beethoven composant Missa Solemnis par Joseph Karl Stieler
© Radio France

Qui d’autre que Ludwig van Beethoven pour incarner la figure de l’artiste incompris ? Sourd, torturé, l’image d’un génie solitaire et colérique colle à la peau de ce compositeur mythique. Or on aurait tort de résumer Beethoven, tout comme sa musique, à un seul trait de caractère…

Né le 17 décembre 1770 à Bonn, Ludwig van Beethoven mène jusqu’à ses 56 ans, âge de sa mort, un combat contre ses origines modestes et sa surdité précoce. Souffrant de sa réputation de misanthrope, l’auteur de la célébrissime Neuvième Symphonie est certes caractériel, mais aussi humaniste, romantique, combatif et romanesque. Voici dix petites choses pour vous en convaincre.

Maison où est né Beethoven, à Bonn
Maison où est né Beethoven, à Bonn

Tu seras le nouveau Mozart, mon fils

Dès qu’il décèle les talents de Ludwig, le père Beethoven, musicien modeste, brutal et alcoolique, n’a plus qu’une seule idée en tête : faire de son fils un virtuose. C’est donc contraint et forcé que le jeune Beethoven s’exerce au piano et au violon, abandonnant l’école à l’âge de onze ans pour répondre aux ambitions paternelles. Afin qu’on le considère comme encore plus brillant et précoce qu’il ne l’est déjà, son père le fait même passer pour deux ans plus jeune et Ludwig reste longtemps dupe de ce mensonge.

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Une vie de déceptions amoureuses

Eleonore von Breuning, Giuletta Guicciardi, les sœurs von Brunsvik, Magdalena Willman, Antonie Brentano… Beethoven tombe plutôt facilement amoureux. Mais ses origines modestes tout comme l’instabilité de son caractère empêchent chacune de ses aspirations au mariage. De ces femmes dont il s’est tour à tour épris, on retient surtout le nom de Joséphine von Brunsvik, qui lui a inspiré l’écriture de son opéra Fidélio ou l’amour conjugal, mais dont la famille s’est opposée à une union entre leur fille et ce musicien ‘roturier’. Reste également le mystère de l’éternelle bien-aimée, à qui Beethoven a adressé trois lettres enflammées mais dont l’identité demeure, aujourd’hui encore, inconnue…

Antonie Brentano, peut-être la seule femme à avoir aimé Beethoven en retour
Antonie Brentano, peut-être la seule femme à avoir aimé Beethoven en retour

Beethoven n’est pas fâché avec le reste de l’humanité

On se représente trop souvent Beethoven comme un personnage misanthrope. Et s’il est en effet capable de violentes colères, il sait aussi faire preuve de légèreté, d’humour et d’altruisme. En réalité, Beethoven se considère comme porteur d’une mission divine. Il compose pour le divertissement des nobles comme pour des œuvres de charité, mais aussi pour les générations à venir : « ça leur plaira plus tard », répond-il ainsi prophétiquement à ceux qui critiquent sa musique.

Musicopolis
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Les oreilles qui sifflent

« Ô hommes qui me jugez ou me déclarez haineux, revêche ou misanthrope, vous ne savez pas la cause secrète de ce qui vous paraît ainsi » : Beethoven souffre terriblement de sa surdité : pas parce qu’il a peur de ne plus pouvoir composer - au contraire, la musique devient sa seule raison de vivre – mais parce qu’il craint que son mal soit connu de ses ennemis et nuise à son métier. C’est pourquoi il cache longtemps, jusqu’à la perte totale de son ouïe, ses problèmes auditifs. On le trouve ainsi distant et froid, alors que le pauvre homme n’entend presque rien.

Scène du film Immortal Beloved, de Bernard Rose
Scène du film Immortal Beloved, de Bernard Rose

Comme un froid entre Goethe et lui

Alors que Beethoven admire Goethe, il est totalement scandalisé par l'attitude particulièrement révérencieuse dont fait preuve le poète envers la famille impériale et la noblesse viennoise. « L’air de la cour plaît trop à Goethe. Plus qu’il ne convient à un poète », écrit-il à leur amie commune, Bettina Brentano. Ne manquant pas de faire part de sa désapprobation à son compatriote, il le vexe au plus haut point. Goethe choisit de l’ignorer pour le reste de sa vie, malgré les nombreuses partitions qui lui sont envoyées.

Laid, mais fascinant

«Il est petit, brun, marqué de petite vérole, […] des cheveux noirs, très longs, qu’il rejette en arrière […] ses vêtements sont déchirés, il a l’air complètement déguenillé » : voici ce qu’écrit Bettina Brentano à propos de Beethoven alors qu’elle avoue dans le même temps être littéralement hypnotisée par le compositeur. Car Beethoven ne laisse jamais indifférent. Quand il se met au piano ou compose, « les muscles de son visage se gonflent » et son « regard farouche roule avec violence » : Beethoven est tel un magicien étrange et effrayant, mais qu’on se fait un doux plaisir d’observer.

Portrait de Beethoven jeune homme
Portrait de Beethoven jeune homme

Improvisateur de génie

L’insoumission de Beethoven exaspére chacun de ses professeurs… Haydn, son maître de musique à Vienne, reconnait son talent mais le trouve beaucoup trop indiscipliné. Albrechtsberger, qui lui enseigne la composition, dit même à ses élèves : « C’est un exalté libre-penseur musical, ne le fréquentez pas ; il n’a rien appris et ne fera jamais rien de propre ». Mais Beethoven - qui, quelques années plus tard, est déjà imbattable aux duels d’improvisation pianistique, alors si populaires dans les salons viennois – n'a jamais tenu compte de ces critiques, et l’Histoire lui donne plutôt raison…

Il y aurait pu avoir une Dixième Symphonie …

A 56 ans, agonisant sur son lit, Beethoven tend une dernière fois le poing vers le ciel, défiant tragiquement la mort et le destin. Car le compositeur n’a jamais eu autant de projets en tête : un requiem, un oratorio et un opéra sur le poème de Faust sont encore à son programme. Il vient d’ailleurs tout juste d’achever sa dixième symphonie. Or celle-ci n’a étrangement pas été conservée par ses exécuteurs testamentaires… Un dernier chef d’œuvre, à jamais perdu.

Manuscrit de la Neuvième Symphonie, acquis en 2003 par l'UNESCO
Manuscrit de la Neuvième Symphonie, acquis en 2003 par l'UNESCO

Compositeur au ras du sol

Gêné par les fortes douleurs et les acouphènes dès l’âge de vingt-six ans, Beethoven devient quasiment sourd moins de cinq ans plus tard. Plus que jamais déterminé à continuer de composer, il trouve alors une technique originale pour compenser sa surdité. Assis par terre face à un piano sans pied, il ressent les vibrations de la musique sur le sol.

L’esprit révolutionnaire

Beethoven ne cache pas ses idées libérales et ses penchants révolutionnaires. Abandonnant la traditionnelle coiffe bourgeoise, la culotte et les bas de soie – au risque de choquer la belle société des salons viennois -, il fréquente les groupes clandestins Jacobins, dont les idées s'inspirent de la Révolution française. Terriblement déçu par Napoléon Bonaparte lorsque celui-ci se fait déclarer empereur et part en conquête, Beethoven efface la mention qu’il a réservée au général sur la partition de sa Symphonie Héroïque. De même, ce n’est pas lui qui choisit le titre de Concerto Empereur pour son Cinquième concerto pour piano. Le terme ‘empereur’ renverrait d’ailleurs à l’idée de ‘plus majestueux’ et ‘plus beau concerto’, et non à Napoléon.

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