Jazz Trotter : Alabaster DePlume - To Cy & Lee : Instrumentals Vol.1

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Jazz Trotter : Alabaster DePlume - To Cy & Lee : Instrumentals Vol.1

Alabaster DePlume
Alabaster DePlume
- Chris Almeida

Si l’essentiel de la musique d’Alabaster DePlume est ponctuées de parties vocales, surtout chuchotées, “To Cy & Lee : instrumentals Vol.1” qui paraît chez International Anthem, est une sélection de ses instrumentaux, enregistrés sur 8 ans à travers le Royaume-Uni et gravées jusqu’ici sur 4 albums.

Alabaster DePlume ne fait pas les choses comme tout le monde, et ça le rend heureux.

DePlume est un compositeur, saxophoniste, activiste et orateur né à Manchester et basé à Londres. Il est l'un des résidents de la désormais célèbre plateforme créative Total Refreshment Centre, il a enregistré des disques par le label iconoclaste Lost Map, implanté dans les Hébrides, au large de l'Écosse, et est le dernier membre en date de la famille d'explorateurs musicaux que constitue le label de Chicago International Anthem (Makaya McCraven, Angel Bat Dawid, Jeff Parker...).

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La musique de To Cy & Lee: Instrumentals Vol. 1, riche en orchestration naturellement élégante, est portée par quelque chose de viscéral et de primordial. Tout au long des onze titres de cette première compilation, on relève des traces de Min'yo japonais, de folk celtique, d'Ethio-jazz et des touches de cette "musique ancienne" qui présidait aux mélodies d'Arthur Russell sur Firth Thought, Best Thought. Il y a beaucoup d'espace dans cette musique, dont Alabaster DePlume dit qu'elle est en partie inspirée par les jeux vidéos et l'animation japonaise - en particulier par la bande-originale de Joe Hisaishi pour le film des studios Ghibli Castle In The Sky.

Le disque mélange nouvelles compositions, instrumentaux déjà éditées et berceuses discrètes qui semblent avoir échappé au déclin de la civilisation. Ces chansons proviennent des albums Copernicus, The Jester et Peach, publications confidentielles qui ont précédé la sortie de The Corner of a Sphere, particulièrement salué par la critique en 2019. Sur les nouveaux titres, DePlume a convié Dan "Danalogue" Leavers, membre du trio The Comet is Coming, le percussionniste et compositeur d'origine indienne Sarathy Korwar ainsi que certains des meilleurs musiciens de la scène londonienne, dont le percussionniste homme-orchestre Paddy Steer, qui co-produit, avec le pianiste John Ellis, plusieurs morceaux.

To Cy & Lee a une genèse bien particulière... DePlume travaillait pour Ordinary Lifestyles, un programme caritatif du nord de Manchester qui vient en aide aux personnes handicapées. Plus précisément, il aidait Cy et Lee - sa mission consistait à les sociabiliser et il s'y employa en faisant de la musique avec eux. Ensemble, ils imaginaient des mélodies et chantonnaient pour créer un environnement calme et paisible. DePlume a enregistré ces sessions improvisées sur son téléphone et s'en est servi comme points de départ pour les chansons du disque. Il a aussi dirigé des sessions d'enregistrement pour Cy, Lee et leurs amis : "Il y a des choses qui ne peuvent être dites avec des mots mais que l'on peut très bien exprimer avec du son et de la musique. Ces personnes avaient moins de mots à leur disposition que nous, certains n'en avaient même pas du tout."

"Quand on arrive à traduire des sentiments par la musique, c'est une libération" estime Alabaster DePlume.

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C'est une méthode qu'il met à profit en concert, à chaque fois que cela est possible ; formant un cercle avec les musiciens au centre de la salle pour se mélanger au public et exploiter le mieux possible ce que cette communion avec le public peut créer. Une approche humaniste et collectiviste qui sous-tend tout ce qu' Alabaster DePlume entreprend. C'est une musique qui est faite pour une raison : mélanger les gens et leur demander d'être eux-mêmes le plus possible. 

Un certain activisme exprimé à travers une musique superbe qui s'affranchit des barrières et encourage la création de lien.

Dans les faits, Alabaster a réuni des musiciens d'horizons et de niveaux très différents pour créer des interactions inédites et les placer dans des situations d'enregistrement inhabituelles. "J'ai voulu casser les habitudes de chacun et faire jouer tout le monde de façon originale et ludique. Les sessions avaient quelque chose de magique”, se souvient-il.

Les deux nouvelles pièces ont été enregistrées au désormais célèbre Total Refreshment Centre avec Danalogue (au piano), Sarathy Korwar (à la batterie), Chestnutt (du groupe Snapped Ankles, aux synthés), Donna Thompson (voix) et **James Howard (**guitare). Ils n'avaient qu'une journée pour enregistrer et DePlume revenait, épuisé, de tournée. Son saxophone était aussi usé que lui et il avait du mal à jouer certaines notes. "Quand quelque chose est cassé ou te fait défaut, tu en fais ton affaire et tu essayes de contourner le problème" dit-il. "Ensuite ça appartient à l'instant - j'ai envie de faire des choses qui appartiennent à l'instant".

L'aspect politique de la démarche d'Alabaster DePlume est sans doute plus évident dans les morceaux vocaux de son répertoire live, quand il se réapproprie des slogans publicitaires pour enjoindre le public à s'insurger, mais son engagement est palpable dans les instrumentaux de Cy & Lee... C'est une musique qui répond à ce que le poète révolutionnaire russe Maïakovski appelle la "commande sociale". "J'aime l'idée que nous ne faisons pas que dans le futile et le décoratif. Nous faisons ça pour la société.”

Il y a quelques années je jouais du saxophone sur les concerts des autres. J'ai réalisé que j'attendais qu'on me donne la permission de faire mon propre truc et que ça n'arriverait pas. Je me suis octroyé moi-même cette putain de permission".

Alabaster DePlume ne fait pas les choses comme tout le monde. Hallelujah
(extrait du communiqué de presse)

En concert le samedi 29 février à 18h30 au The Hot Tin à Faversham (UK)

A écouter dans l'émission sur Charles Lloyd : Charles Lloyd, le concert du 80ème anniversaire
Open jazz
54 min
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