Création de Point d’orgue de Thierry Escaich et Olivier Py au Théâtre des Champs-Elysées

Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, création le 5 mars 2021 : Patricia Petibon (Elle), Cyrille Dubois (L’Autre, à gauche), Jean-Sébastien Bou (Lui)  - Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, création le 5 mars 2021 : Patricia Petibon (Elle), Cyrille Dubois (L’Autre, à gauche), Jean-Sébastien Bou (Lui) - Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, création le 5 mars 2021 : Patricia Petibon (Elle), Cyrille Dubois (L’Autre, à gauche), Jean-Sébastien Bou (Lui) - Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
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Thierry Escaich a composé Point d’orgue, une pièce miroir à celle de Poulenc, La Voix humaine. L’enjeu a été d’imaginer avec Olivier Py, la suite du monologue de Poulenc en un dialogue renoué entre Elle, Patricia Petibon et Lui, J-Sébastien Bou, et aussi L’Autre, Cyrille Dubois. Dir. Jérémie Rhorer.

Deux opéras au programme de notre soirée :

La Voix humaine, suivi de Point d'orgue.

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Francis Poulenc – Jean Cocteau,

La Voix Humaine

Tragédie lyrique en un acte (1958), créée le 6 février 1959, Salle Favart à Paris.
Paroles de Jean Cocteau. Musique de Francis Poulenc
© Ricordi Paris, Edition Durand

Thierry Escaich – Olivier Py,

Point d’orgue

Opéra en un acte (2020) – Création mondiale le 5 mars 2021 au Théâtre de Champs-Elysées, à Paris.
Livret d’Olivier Py. Musique de Thierry Escaich
© Editions Gérard Billaudot. 

Commande du Théâtre des Champs-Elysées, de l’Opéra de Dijon, de l’Opéra National de Bordeaux, de l’Opéra de Saint-Etienne et de l’Opéra de Tours

Opéras donnés sans public, enregistrés par Radio France le 5 mars 2021.

Distribution :

Patricia Petibon : Elle, Soprano
Avec l’aimable autorisation de Sony Music Entertainment France/ Label Masterworks
Jean-Sébastien Bou : Lui, Baryton
Cyrille Dubois : L’Autre, Ténor

Orchestre National Bordeaux Aquitaine

Jérémie Rhorer : Direction musicale

Olivier Py : Mise en scène

Pierre-André Weitz : Décors et costumes
Bertrand Killy : Lumières

La Voix humaine - Argument

Une  femme s’entretient au téléphone avec son amant  qui,  après  cinq  années  de  relation,  s’apprête  à  épouser  une  autre  femme  le  lendemain. La conversation, constituée d’une succession   de   moments   sans   réel   lien   dramaturgique, est interrompue à plusieurs reprises par des coupures téléphoniques.

Le téléphone sonne. Elle décroche mais la conversation  est  interrompue  par  des  interférences  d’autres  interlocuteurs  sur  la ligne.

Tout  juste  de  retour  à  la  maison,  Elle  s’inquiète d’avoir pu manquer les éventuels appels  de  son  amant.  Elle  évoque  sa  journée avec Marthe.

L’amant demande à récupérer leurs lettres. Elle s’engage, le cœur serré, à les lui rendre. Il  admire  le  courage  de  sa  maîtresse  face  aux  événements  tout  en  percevant  un  profond  désespoir.  Il  s’accuse  d’avoir  provoqué cette situation. Elle le détrompe et se remémore leur rencontre. A sa grande surprise,  Elle  apprend  que  son  amant  viendra chercher les lettres le lendemain.

La  liaison  téléphonique  est  de  nouveau  perturbée. Elle imagine son amant à l’autre bout du fil : sa posture, ses vêtements... Elle l’empêche  de  se  prêter  à  un  tel  jeu  au  prétexte  qu’il  contemplerait  une  figure  abîmée par le chagrin.

La  liaison  téléphonique  est  coupée.  Elle  rappelle chez son amant mais le serviteur l’informe que Monsieur n’est pas chez lui et pour cause, il l’appelle d’un restaurant.

La  communication  rétablie,  Elle  avoue  avoir  menti :Elle  n’est  pas  sortie  et  a  attendu   toute   la   soirée   son   appel.   Désespérée,  elle  s’apprêtait  à  venir  le  retrouver.  La  veille,  Elle  a  tenté  de  se  suicider  en  prenant  des  médicaments.  Au  plus  mal,  Elle  a  appelé  Marthe  qui  a  fait  venir un médecin. Son amie l’a veillée toute la journée jusqu’à ce qu’Elle la congédie de peur que celle-ci l’empêche de recevoir le coup  de  fil  tant  attendu.  Or  parler  à  son  amant  l’apaise.  Elle  regrette  de  faire  endurer une telle scène à celui-ci mais sa souffrance  est  telle,  qu’elle  ne  peut  s’en  empêcher.  L’avant-veille,  Elle  a  dormi  seule pour la première fois, le téléphone à ses  côtés.  La  rupture  consommée,  sa  vie  n’aura plus aucun sens.

Après avoir mis fin aux interférences d’une voix   étrangère   sur   la   ligne,   Elle   se   remémore  avec  effroi  la  situation  et  déplore cette rupture à distance.

Nouvelle coupure de téléphone.

La  communication  est  rétablie.  Le  fil  autour  du  cou,  Elle  n’a  pas  le  courage  de  raccrocher.  Avant  de  se  séparer  à  jamais,  Elle implore son amant de ne pas aller avec son  épouse  dans  l’hôtel  où  ils  allaient  ensemble. L’amant raccroche au son d’un douloureux « Je t’aime ». Désespérée, Elle laisse tomber le combiné à terre.

© Théâtre des Champs-Elysées

Poulenc, La Voix humaine – mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle)
Poulenc, La Voix humaine – mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Poulenc, La Voix humaine – mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle)
Poulenc, La Voix humaine – mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021

Point d’orgue - Argument

Point d’orgue a été écrit comme une suite et  un  envers  à  La  Voix  humaine  de Cocteau-Poulenc. 

Suite chronologique, l’après catastrophe du   mélodrame,   mais   aussi   l’envers,   puisque dans cet opéra on n’entend jamais l’autre  personnage  et  que  ses  intentions  autant  que  son  histoire  restent  des  hypothèses. 

On retrouve donc le personnage central de la femme abandonnée qui ne porte pas de nom, ce qui est déjà lourd de symbole. Mais  cette  pièce  est  centrée  sur  le  personnage  masculin  qui  reste  dans  l’ombre dans l’œuvre de Cocteau. 

L’homme énigmatique à l’autre bout du fil    apparaît    d’abord    comme    la    personnification du lâche et du salaud. 

On découvre dans Point d’orgue qu’il est sous l’influence d’une maladie de l’âme, personnifiée   par   un   énigmatique   compagnon. Il ne fuit donc pas pour un avenir meilleur, une autre femme, ou une relation  plus  gratifiante,  mais  tente  de  survivre, au cœur d’un ouragan.

Ce   que   l’on   nomme   aujourd’hui   «  dépression  »  n’est  que  la  formulation  médicale  d’un  mal  plus  grand  dont  la  littérature n’a jamais mesuré le diamètre.  

Les noms des personnages restent sans patronyme,  Elle,  Lui  et  l’Autre.  Lui  vit  depuis des mois reclus dans une chambre d’hôtel,  avec  l’Autre.  Ils  jouent  à  toutes  sortes  de  jeux  pour  tenter  déjouer  une  chute,  un  effondrement  que  Lui  refuse  de qualifier de mystique, mais que l’Autre identifie  comme  une  sorte  de  quête  spirituelle à l’envers.  

Un dialogue s’engage entre les deux, dans lequel  les  rapports  de  pouvoir  et  de  domination laissent place à des méditations sur  la  vanité  des  choses.  Alors  que  plus  rien   ne   semble   pouvoir   arrêter   la   déchéance de Lui, Elle (le personnage de La Voix humaine) fait irruption dans ce couple  faustien.  L’Autre,  conforme  à  sa  dimension   «   mesphistophélique   »,   entame  un  combat  moral  avec  Elle.  On  comprend  que  la  femme  qui  paraissait  fragile  et  abandonnée  dans  La  Voix  humaine  est  en  fait  celle  qui  détient  la  force,  et  que  c’est  l’homme,  Lui,  dont  le  comportement est pathologique. 

Elle  tente  une  dernière  fois  de  le  sauver,  avant de comprendre qu’elle doit se sauver elle-même  et  renoncer  à  cette  relation  empoisonnée, elle abandonne alors toute culpabilité, et se tourne vers la vie qu’elle porte  en  elle  en  abandonnant  Lui  a  ses  démons.

Les deux hommes reprennent alors leurs expérimentations  philosophiques  et  physiques, dérèglement de tous les sens, mais  aucune  rédemption  n’intervient  dans ce chemin de croix. 

Bien que les rapports de domination et de violence psychologique soient omniprésents dans cette chambre sale, le ton de la pièce oscille plutôt entre une grande plaisanterie, un  carnaval  de  mots  et  un  lyrisme  qui  ne  renonce pas à formuler quelque chose de l’aventure  spirituelle,  fût-elle  une  chute  ascensionnelle.

Le   personnage   de   Lui,   bien   que   grandement désespéré, ose un humour et une  parodie  de  sa  propre  déchéance  et  tutoie les questions les plus complexes. 

Le personnage de l’Autre, à la fois amant, dealer et metteur en séance, est peut-être une  allégorie  vivante  de  la  souffrance  morale. Là où la pièce de Cocteau décrivait un parcours de dépendance et de manque, son  écho  contemporain  ouvre  la  béance  et le mystère de la souffrance sans raison. 

La pièce est une suite, un envers, et peut-être pour le personnage de Cocteau, la possibilité d’une résolution harmonique. La musique seule, arbitre ce qui dans nos anecdotes est de l’ordre de l’échec ou de la vérité.

© Théâtre des Champs-Elysées

Cette représentation en VOD sera disponible depuis le site du Théâtre des Champs-Elysées à partir du 1er juin 2021 (tarif : 10 euros)

Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle) et Cyrille Dubois (L’Autre)
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle) et Cyrille Dubois (L’Autre)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Cyrille Dubois (L’Autre, à gauche), Patricia Petibon (Elle), Jean-Sébastien Bou (Lui)
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Cyrille Dubois (L’Autre, à gauche), Patricia Petibon (Elle), Jean-Sébastien Bou (Lui)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle) et Jean-Sébastien Bou (Lui)
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Patricia Petibon (Elle) et Jean-Sébastien Bou (Lui)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Jean-Sébastien Bou (Lui), Patricia Petibon (Elle), Cyrille Dubois (L’Autre, à droite)
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Jean-Sébastien Bou (Lui), Patricia Petibon (Elle), Cyrille Dubois (L’Autre, à droite)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Jean-Sébastien Bou (Lui) et Cyrille Dubois (L’Autre, à droite)
Escaich, Point d’orgue – livret et mise en scène Olivier Py, direction musicale Jérémie Rhorer : Jean-Sébastien Bou (Lui) et Cyrille Dubois (L’Autre, à droite)
- Photo by Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées, Paris 2021

Programmation musicale :

Francis Poulenc,

Sonate pour violoncelle et piano FP 143 :
2ème mouvement. Cavatine

François Salque, Violoncelle
Eric Le Sage, Piano
RCA RED SEAL 88985321992

Bernardo Bonezzi,

BO du film de Pedro Almodóvar, Femmes au bord de la crise de nerfs :
El teléfono no suena (Le téléphone ne sonne pas)

Orchestre et direction non précisés
QUARTET RECORDS QR 345

Ventura Romero Armendá,

BO du film de Pedro Almodóvar, Femmes au bord de la crise de nerfs :
Soy infeliz (Je suis malheureuse)

Lola Beltrán, Chant
Orchestre et direction non précisés
QUARTET RECORDS QR 345

Francis Poulenc,

Banalités FP 107 :
Sanglots

Patricia Petibon, Soprano
Susan Manoff, Piano
SONY CLASSICAL 194397195521

Thierry Escaich,

Les Litanies de l’ombre

Claire-Marie Le Guay, Piano
ACCORD 476 1282

Thierry Escaich – Olivier Py,

Le Chant des lendemains

Patricia Petibon, Soprano
Olivier Py, Chant
Susan Manoff, Piano
David Venitucci, Accordéon
SONY CLASSICAL 194397195521

Georges Bizet – Michel Carré et Eugène Cormon,

Les Pêcheurs de perles :
Zurga, Nadir « Au fond du temple saint »

Cyrille Dubois : Nadir, Ténor
Florian Sempey : Zurga, Baryton
Orchestre National de Lille
Direction : Alexandre Bloch
PENTATONE PTC 5186685

Wolfgang Amadeus Mozart – Lorenzo Da Ponte,

Don Giovanni KV 527 :
Acte II – Scène 12 (extrait) à scène dernière :
- Donna Anna « Crudele ! Ah no, mio ben… Non mi dir, bell'idol mio »
(« Cruelle ! Ah non, mon bien-aimé… Ne me dis pas, mon bel amour »)
- Don Ottavio « Ah si segua il suo passo »
(« Ah ! suivons ses pas »)
- Don Giovanni, Leporello « Gia la mensa è preparata »
(« La table est déjà prête » - sc 13)
- Donna Elvira, Don Giovanni et Leporello « L'ultima prova dell'amor mio »
(« L’ultime preuve de mon amour » - sc 14)
- Le Commandeur, Don Giovanni et Leporello « Don Giovanni, a cenar teco »
(« Don Giovanni, tu m’as invité à souper avec toi » - sc 15)
- Don Giovanni, Leporello et le Chœur « Da qual tremore insolito »
(« Quel est cet insolite tremblement »)
- Donna Elvira, Zerlina, Don Ottavio, Masetto, Donna Anna et Leporello
« Ah dov'è il perfido »
(« Ah ! où est le perfide » - sc dernière)
- Don Ottavio, Donna Anna, Zerlina, Masetto et Leporello
« Or che tutti o mio tesoro »
(« A présent, ô ma bien-aimée ») 

Jean-Sébastien Bou : Don Giovanni, Baryton
Robert Cleadow : Leporello, Baryton-basse
Myrtò Papatanasiu : Donna Anna, Soprano
Julie Boulianne : Donna Elvira, Mezzo-soprano
Julien Behr : Don Ottavio, Ténor
Anna Grevelius : Zerlina, Mezzo-soprano
Marc Scoffoni : Masetto, Baryton
Steven Humes : Commendatore, Basse
Chœur de Radio France
Stéphane Petitjean, Chef des choeurs
Le Cercle de l’Harmonie
Direction : Jérémie Rhorer
ALPHA CLASSICS ALPHA 379

Don Giovanni - Argument (extrait) :

Fin de l’acte II. Dans  son  palais,  Don  Giovanni  s’attable  pour  le  souper.  Donna  Elvira  vient  une  dernière  fois  l’adjurer  de  changer de vie. Don Giovanni n’en a cure et la renvoie. Le cri qu’elle pousse en sortant annonce l’entrée du Commandeur. La statue lui demande sa main en gage. Don Giovanni la lui offre et aussitôt un froid glacial l’envahit. Le Commandeur le somme alors de se repentir, mais Don Giovanni refuse. L’heure du châtiment a sonné : il est englouti par la terre et disparaît dans les flammes de l’Enfer.

Donna  Elvira,  Donna  Anna,  Don  Ottavio,  Zerlina  et  Masetto  arrivent  alors.  Leporello  leur  apprend  que  le  Ciel les a devancés. Donna Elvira décide de se retirer dans un couvent. Donna Anna demande à Ottavio de respecter son deuil pendant un an encore. Zerlina et Masetto s’en retournent chez eux, tandis que Leporello va à l’auberge chercher un nouveau maître.

Avec l’aimable autorisation d’Alpha Classics (Outhere)

La WebRadio Opéra de France Musique

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