Episode 39 : Dernier voyage à Berlin (1747)

Episode 39
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La capitale de la Prusse n’est pas restée étrangère à Jean-Sébastien. Il se rend à Berlin déjà sous le règne de Frédéric-Guillaume Ier, pour répondre aux exigences de son bon prince Léopold qui souhaitait acquérir un nouveau clavecin pour Köthen ...

... Il a une trentaine d’année lorsqu’il découvre la ville : ce premier voyage l’amène à jouer pour le margrave de Brandebourg, Christian Ludwig, qui n’est autre que l’oncle du Roi de Prusse ; c’est pour ce membre de la famille royale qu’il compose ses fameux Concertos brandebourgeois.

Bien des années plus tard, lorsque son fils Carl Philipp Emanuel est nommé claveciniste au service du jeune roi Frédéric II, Jean-Sébastien entend fêter cette nomination avec lui à Berlin. Il a 56 ans lorsqu’il lui rend visite en 1741, un été terrible au cours duquel Anna Magdalena a failli trépasser en raison d’une grossesse malheureuse. 

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Au mois de mai 1747, alors que sa vue est déjà chancelante, Jean-Sébastien âgé de 62 ans, est invité à se rendre à la cour de Prusse par le roi Frédéric II en personne. En chemin, il passe par Halle pour retrouver Wilhelm Friedemann qui l’accompagne tout au long de ce dernier voyage à Berlin. L’histoire de cette visite fait grand bruit ; elle est relatée dans la presse de l’époque, dans les premières nécrologies de Bach, dans les récits de ses deux fils aînés rapportés dans la toute première biographie publiée par Forkel. 

Jean-Sébastien est reçu par Frédéric II au Palais de Sans-Souci, la résidence d’été du monarque tout nouvellement édifiée dans le style rococo, à moins d’une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Berlin. Le roi l’invite à essayer ses pianofortes fabriqués par Gottfried Silbermann. C’est sans doute sur l’un de ces instruments modernes que Bach improvise longuement à partir d’un thème donné par Frédéric II. Le roi visite avec lui toutes les orgues de Potsdam avant qu’il ne se fasse entendre sur celui de l’église du Saint-Esprit. Il est également invité à se joindre aux musiciens de la cour lors d’une soirée où il se lance dans l’improvisation d’une fugue à six voix qui fait grande impression. Jean-Sébastien profite enfin de ce séjour pour se rendre une dernière fois à Berlin où il visite le tout nouvel opéra et découvre plusieurs orgues en compagnie de ses deux fils.

De retour à Leipzig, Bach se met à composer une œuvre de grande envergure sur le thème royal de Frédéric II. Il fait graver à partir du mois de juillet de la même année une partition ambitieuse qu’il intitule lui-même : « Offrande Musicale, très humblement dédiée à Sa Majesté le Roi de Prusse ». Telle une recherche, comme le souligne d’ailleurs l’emploi du terme latin de Ricercare, cette composition délibérément savante explore toutes les possibilités offertes par l’art du canon. Et Bach de joindre à ce monument de l’écriture contrapuntique, une sonate pour flûte traversière, violon et continuo dans le style ornemental et galant en vigueur à la cour de Potsdam. Chacune des pages de ce monument repose sur le thème royal : voilà une prouesse qui scelle pour l’éternité la rencontre entre le cantor de Leipzig et Frédéric Le Grand. 

Jean-Sébastien Bach
L’Offrande musicale BWV 1079
Canon à deux par mouvement contraire
Canon à deux par augmentation
Fugue canonique
Jed Wentz, flûte traversière
Michael Borgstede, clavecin
Sara de Corso, violon
Disque : Brilliant Classics 93814 (2008)

CD Bach Offrande musicale BWV1079 Wentz Borgstede
CD Bach Offrande musicale BWV1079 Wentz Borgstede

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