
Rémi Vignolo, le temps de la renaissance
Parution de « Death Of An Angry Man » de Rémi Vignolo chez Gaya.
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► TOUS LES TITRES DIFFUSES SONT EN BAS DE PAGE A LA RUBRIQUE "PROGRAMMATION MUSICALE" « Dans la vie d’un homme, il y a deux dates importantes : celle de sa naissance et celle de sa mort. Tout ce qu’on fait entre ces deux dates n’a pas beaucoup d’importance… » - Jacques Brel
Rémi Vignolo est-il batteur, ou bien bassiste ? Compositeur ?! On ne savait pas… Comment aurait-on pu savoir d’ailleurs ? Nougaro, Lagrene, Terrasson, Galliano, Romano, Werner, Bergonzi, Aznavour, Luc, Di Battista, Legrand, Trotignon, Grossman, El Malek, Pierranunzi, Z (celui de Bojan) ...
C’est comme si le bougre s’était fondu dans le paysage, comme s’il avait profité de la lumière de tous ces grands « Noms » pour mieux nous dissimuler la sienne.
Une liste plus exhaustive de ses collaborations ou le détail des quatre-vingt albums déjà enregistrés pour d’autres derrière sa contrebasse ou sa batterie n'éclaireraient pas davantage les motivations, les choix, les doutes… Le parcours peut dérouter, reste la certitude d’être face à une personnalité hors-normes, un oiseau rare sur lequel la bienséance et les modes n’ont, à l’évidence, que peu de prise.
Intituler son premier album « Death of an Angry Man » a en effet de quoi laisser perplexe… Quand les mots de Brel nous rappellent à notre destinée commune et à ses errances, à l’impossibilité d’évoquer l’idée de naissance sans invoquer aussitôt son antithèse, son ombre, il faut voir en « Death of an Angry Man » non pas seulement la manifestation brutale et définitive d’une implacable mécanique, mais au contraire l’opportunité qu’elle laisse à chacun de renaître et de se réinventer perpétuellement…
De fait, c’est bien la vie qui déborde de cette musique, la vie avec son évidence et son impétuosité. Le choix des musiciens conviés à la fête n’y est pas étranger : il faut bien que le fil des années, avant de vous reconduire à la case départ, vous offre le privilège de l’expérience, vous mette sur la piste de ceux avec qui l’échange sera possible.
Christophe Panzani, Tony Paeleman, Pierre Perchaud, Julien Herné, tous incarnent cette génération de trentenaires surdoués, hyperactifs et décomplexés qui ne voient pas en quoi écouter un disque de Björk, de Skrillex ou des Beatles avant de monter sur scène jouer « Body & Soul » peut poser un cas de conscience. La raison en est sans doute qu’ils mesurent avec justesse ce que tout improvisateur doit à un Parker ou un Davis, et qu’au-delà de cette facilité avec laquelle ils traversent les « genres », ils partagent également avec le leader, de dix ans leur ainé (comme par ailleurs Olivier
Temime et Malik Mezzadri), l’idée que le jazz n’est pas une musique vaine et rétrograde…
Entouré de la sorte, oser imaginer une musique dont on sait à l’avance que ses interprètes s’approprieront la moindre des subtilités, donneront un corps à tout ce qu’on aura laissé au hasard, ne relève plus de l’utopie. Bien sûr l’oreille peut s’attarder sur les contours et l’énergie résolument Rock de certaines compositions, les sonorités du Rhodes et de la guitare électrique évoquer sur certaines plages la première période électrique de Miles Davis, on pourrait sentir planer l’ombre de Milton Nascimiento ou de Wayne Shorter sur d’autres, trouver des ponts avec les musiques progressives des Seventies… Mais l’esthétique importe peu. Elle n’émergera qu’à la fin puisqu’elle ne sera en définitive que la superposition assumée des influences de chacun. Il faut s’entendre sur le fond…
Force est de constater que le courant passe entre les deux générations, preuve que chacune se sait tributaire de l’autre. On ne peut que se réjouir de voir un musicien d’une telle envergure se prêter au rôle de passeur tout en prenant une fois de plus le risque de se retrouver en porte-à-faux, de se laisser surprendre et de se trouver changé après avoir adopté les idées et les pratiques de ses cadets. Pourrait-on concevoir d’échange plus honnête ? « Death of an Angry Man » ne serait-il pas simplement ce passage obligé, ce moment de l’existence où l’on naît, enfin, après avoir dominé son pire ennemi, après s’être rendu à soi-même ?
Patriots
Joe ZawinulALBUM : « World Tour »LABEL : Cream
The Sky and the Ocean
Lisa HiltonALBUM : « Horizons »LABEL : Rubby Slippers
Montedidio
Sébastien LovatoALBUM : « Music Boox, Vol. 2 »LABEL : ACEL
Poursuite (L’Homme à femmes)
Claude BollingALBUM : « Bolling Story »LABEL : Frémeaux
Everything Happens to Me
Chet BakerALBUM : « Chet in Paris, Vol 2 »LABEL : Emarcy
Falling Off My Bike
ALBUM : « Self Portraits »LABEL : CMP
But Not For Me
Riccardo Del FraALBUM : « My Chet, My Song »LABEL : Cristal
Dogs And Bones
Rémi VignoloALBUM : « Death Of An Angry Man »LABEL : Gaya
Kickin’ It For You
David KrakauerALBUM : « Checkpoint »LABEL : Label Bleu
Abie
Avishai CohenALBUM : « From Darkness »LABEL : Razdaz
- Alex DutilhProduction