Les mousquetaires de Kartet, vingt-cinq ans après…

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Bien que sept ans se soient écoulés depuis la dernière parution de Kartet ("The Bay Window", "Songlines"), voilà un groupe au pouls créatif calé sur le long terme. Célébrant son 25ème anniversaire en 2014, Kartet conserve sa sonorité unique tout en introduisant de nouveaux éléments – le batteur belge Stéphane Galland (Aka Moon) remplace Chander Sardjoe, et Guillaume Orti ajoute à son alto de nouveaux saxophones (C-Melody et F mezzo-soprano). Le titre de l’album est un jeu de mots bilingue : en anglais, grand laps signifie “de splendides étapes”, au sens de tours de piste par exemple. En Français c'est un clin d'oeil à Georges Perec ! Et qu’en est-il du nom du groupe? Selon Benoît Delbecq, son pianiste qui a également supervisé l’enregistrement, “La lettre K représentait un clin d’oeil aux cultures musicales d’Europe de l’Est et bien entendu à Béla Bartok et ses magnifiques intuitions sur le folklore imaginaire.”

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La particularité de Kartet a peut-être été exprimée le mieux par **Stéphane Ollivier ** il y a plus de dix ans : « Une forme en métamorphose continuelle autour des quatre axes qui la composent, comme autant de points de vue simultanés et complémentaires sur une même réalité. Une musique qui réconcilie intellect et intuition en un discours alliant une rigueur quasi mathématique à une sensibilité, une originalité instrumentale, et une écoute forgées à l'exercice suprême de l'improvisation totale ».

Hubert Dupont explique comment le groupe développe de nouveaux morceaux : “Les improvisations sont très en connexion avec le matériel écrit, qui est plutôt dense la plupart du temps, avec des jeux rythmiques, des contraintes mélodiques, des couleurs, etc. C’est du jazz ! Ces nouvelles compositions sonnent et permettent toutes sortes d’atmosphères. Elles contiennent aussi des règles du jeu suffisamment simples mais aussi spécifiques. On aime bien définir des aires de jeu, des cadres, de façon à organiser spontanément les mouvements de tension/résolution, couleurs suspendues, illusions… ce sont des jeux amusants, avec des résultats différents à chaque fois, c’est excitant… Nous continuons à nous surprendre – un suspens continu, où chacun se dit “Que va-t-il faire après ça?”

Guillaume Orti ajoute: “[Nos compositions] ont un matériel mélodique et harmonique strict et limité, fortement connecté au matériel rythmique… Personnellement, j’essaie d’amener des combinaisons d’interaction nouvelles pour le groupe – quelle nouvelle situation de jeu puis-je demander à mes collègues de prendre en charge? Etrangement, j’ai l’impression qu’on a toujours joué la même musique depuis les débuts, mais que l’originalité, l’interaction, la communication, etc. deviennent de plus en plus subtiles et puissantes avec le temps.”

Benoît Delbecq développe sur son propre processus: “Pour moi, chaque nouvel élément rythmique vaut le coup d’un intense travail, au piano, ou en frappant ou jonglant avec, de façon à entrer dans une connaissance spécifique. L’imagination est comme un muscle, si vous lui donnez de nouvelles idées, elle peut vous amener vers des territoires inattendus, c’est ce que je recherche, que le corps finisse par s’exprimer en premier, le flux étant insufflé par l’esprit entraîné, prêt à réagir comme une source ». Et les effets sur les générations plus jeunes et sur le public? “Nous avons été, et sommes toujours, je pense, dans une certaine mesure, une source d’inspiration. Habituellement, ceux qui sont passionnés par Kartet, aiment aussi des musiciens comme Steve Coleman, Andy Milne, Ralph Alessi, Tyshawn Sorey, Craig Taborn, Tim Berne… pour ne citer que quelques exemples d'artistes importants qui sont en recherche constante de nouvelles formes, entre contrôle et liberté. On peut peut-être considérer que Kartet est comme enclavé, mais je considère l'insularité comme un nécessité pour doper la créativité. Notre musique n’est pas docile, elle ne répond pas aux demandes du marché, c’est une musique sincère dans sa démarche première: trouver un son collectif, développer sa propre manière de construire la musique de façon collective, amener l’auditeur dans un état de rêve, de transe. C’est ce que le public attend de nos concerts, il s'y passe des choses magiques...”

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