Une chanteuse culte, l’une de ces références que l’on ne confie, à voix basse, qu’à ceux que l’on aime. Helen Merrill, née le 21 juillet 1930, est de cette génération qui a côtoyé l’Olympe du jazz new-yorkais durant un demi-siècle. Elle nous a reçus chez elle à Manhattan. Portrait.
Première scène accompagnée par Bud Powell, première tournée avec Earl Hines, premier album avec un Quincy Jones de 21 ans, côtoyer Miles Davis ou Bill Evans, tirer Gil Evans de l’oubli : son enfance n’a pas été rose, mais une bonne étoile accompagne Helen Merrill dès ses débuts professionnels.
Ce qui fascine chez Helen Merrill, c’est une singularité radicale, assumée, indifférente aux aléas de la notoriété. D’abord, un voile unique dans sa voix, à vous secouer de frissons sur les ballades qu’elle affectionne par dessus tout ; ensuite, une capacité d’oreille qui lui fait mémoriser mélodies et harmonies avec le naturel désarmant de ceux qui ne lisent pas la musique ; et aussi une indépendance d’esprit qui lui fera toujours préférer les phrasés de instrumentistes à forte personnalité à l’aisance technique des divas du jazz vocal.
Une voix aux couleurs de soie, intérieure, intime, d’une extrême sensualité et une musicalité rare qui la conduira à mener une carrière selon son bon plaisir et à réussir ses échanges avec d’autres esthétiques, notamment lors de ses longs séjours en Italie ou au Japon.
En dehors de ses débuts avec une série d’albums produits par Bob Shad chez Mercury, et des années 80-90 chez Verve, la discographie d’Helen Merrill est à la fois conséquente, avec nombre de pépites cachées, et extrêmement dispersée. Son portrait nécessitait donc de rassembler ces traces éparses. Le souffle est au rendez-vous.
Veuve du pianiste et arrangeur Torrie Zito depuis 2009, Helen Merrill s’était imposé une cure de silence. Depuis quelques mois, elle apparait de temps en temps à New York accompagnée par Bill Charlap, ou en invitée du Gil Evans Orchestra. Au printemps 2017, elle donnera une série de concerts au Japon et rêve de revenir chanter à Paris. Champagne…
Helen Merrill, la voix des songes
(4/10) Une palette élargie
L'enregistrement du 3ème album, avec les arrangements Gil Evans, dont son producteur ne voulait pas, est prévu le 26 juillet 1956. En pleine séance, la nouvelle tombe, effroyable, Clifford Brown vient de perdre la vie dans un accident de voiture. « Dream Of You » sera reporté au 27 février. À chaque fois, les albums suivants changeront de registre.
Programmation musicale
- Helen MerrillWhere flamingo fly
Gil Evans (Chef d'orchestre), Hal Mooney (Chef d'orchestre)
Album Dream of You (2008)Label FRESH SOUND RECORDS (FSRCD489) - Helen MerrillPeople will say we're in love
Gil Evans (Chef d'orchestre), Hal Mooney (Chef d'orchestre)
Album Dream of You (2008)Label FRESH SOUND RECORDS (FSRCD489) - Helen MerrillA new town is a blue town
Gil Evans (Chef d'orchestre), Hal Mooney (Chef d'orchestre)
Album Dream of You (2008)Label FRESH SOUND RECORDS (FSRCD489) - Helen MerrillI'm fool to want you
Gil Evans (Chef d'orchestre), Hal Mooney (Chef d'orchestre)
Album Dream of You (2008)Label FRESH SOUND RECORDS (FSRCD489) - Helen MerrillIf I Forget You
Caesar Irving (Compositeur), Hal Mooney & His Orchestra
Album BD Music presents Helen Merrill (2015)Label BDMusic (78538) - Helen MerrillBlack is the Color of my True Love's Hair
Traditional (Compositeur), Hal Mooney & His Orchestra
Album BD Music presents Helen Merrill (2015)Label BDMusic (78538) - Helen Merrill (Chant)The Nearness of You
Bill Evans (Piano)
Album The nearness of you / You've got a date with the blues (2009)Label LONE HIL JAZZ - Helen Merrill (Chant)Let me love you
Bill Evans (Piano)
Album The nearness of you / You've got a date with the blues (2009)Label LONE HIL JAZZ - Helen Merrill (Chant)Softly as in a Morning SunriseAlbum The nearness of you / You've got a date with the blues (2009)Label LONE HIL JAZZ
- Helen Merrill (Chant)Bye Bye BlackbirdAlbum The nearness of you / You've got a date with the blues (2009)Label LONE HIL JAZZ
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