Voix d'Amérique du Sud : rencontre avec Luzmila Carpio (Bolivie) et Las Hermanas Caronni (Argentine)

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Un continent, plusieurs cultures, des femmes qui prêtent leur voix aux mélodies traditionnelles de leur pays : Françoise Degeorges s'entretient avec la chanteuse bolivienne Luzmila Carpio et les soeurs argentines Gianna et Laura Caronni, instrumentistes et chanteuses.

Valorisant chacune à leur manière le patrimoine musical d’un territoire, Luzmila Carpio et las Hermanas Caronni sont les voix contemporaines de traditions ancestrales.

► **Luzmila Carpio : **
« Avec sa voix qui fait la courte échelle aux étoiles tant elle grimpe haut (…) elle est la prêtresse de la déesse Terre (…). Le livre sacré des Indiens quechua parle longuement des chants entrelacés de la terre et des étoiles, Luzmila Carpio les fait revivre. (…) Elle lance ses trilles d'oiseaux dépassant toutes les flûtes du monde. Des clochettes qu'elle tient dans sa main s'essoufflent à vouloir suivre la plongée verticale de sa voix. Ses longues et belles boucles d'oreille se mettent aussi à devenir des percussions. Sa voix est une cascade inversée qui se déverse dans le ciel. Des mots simples font des arcs-en-ciel et les obsessions rythmiques sont des pas qui frappent la terre. Ses mélopées sont en équilibre sur la rosée, sa voix qui passe de la petite fille à l'envol vers le ciel a une pureté de source. Sa voix plaintive fait accourir les esprits. » Gil Pressnitzer

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Luzmila Carpio
Luzmila Carpio

Luzmila Carpio est née en 1954 à Kala Kala, un petit village Bolivien de la Cordilière des Andes. D'origine Quechua-Aymara, elle a depuis son enfance conscience de ses racines et de la difficulté de raviver aujourd'hui toutes les richesses d'une civilisation autrefois décimée par les conquistadores espagnols.

Descendue de son village de montagne s'établir à la ville dans les années 60, elle fait ses débuts à la radio Universidad de Oruro en 1971. Elle est élue "nusta" (princesse) nationale avec le groupe Los Provincianos. Depuis ses premiers enregistrements en 1969 en Bolivie, Luzmila Carpio fait revivre la tradition des Indiens Quechua par son travail de mise en valeur des mélodies et chants traditionnels, ainsi que par ses propres compositions, profondément enracinées dans la culture andine.

Invitée à Radio France dans l’émission d’Aris Fakinos au début des années 80, elle décide de s'établir à Paris où elle s'engage dans des programmes pour l'éducation en Bolivie aux côtés de l'Unicef et de la Cimade. Son interprétation des chants traditionnels de la région de Potosi lui vaut une reconnaissance artistique (Diapason d'Or du Monde de la Musique) et l'honneur d'être nommée Ambassadrice de la Culture indigène bolivienne. Elle est également l'auteur de Chants Quechua de Bolivie parus dans la collection Ocora/Harmonia Mundi, et de Arawi, The Spirit of the Andes (LCMgmt publishing division).

En 1997 elle participe au concert Les Voix de la paix sous l'impulsion de Yehudi Menuhin, qui disait d’elle « C’est un violon qui chante »
Luzmila Carpio possède en effet une voix particulière capable de monter dans les aigus les plus purs. A travers les* jayllis * (hymnes sacrés), les arawis (plus sentimentaux) et les chants liés à la fertilité, elle nous ouvre les portes d'un univers musical poétique et presque oublié. A capella ou sobrement accompagnée d'un charango, d'une guitare, de flûtes ou de choeurs, Luzmila chante des prières dédiées aux divinités, à son peuple, à la nature et au condor, une berceuse, des chants de guérison ou de fête....

Le 21 avril 2006, le président Evo Morales la nomme Ambassadeur de Bolivie en France, et le 14 juin 2011 elle devient Grande Officier de l'Ordre National du Mérite par la République Française.

« Chez nous, seules les femmes ont le privilège de chanter, car la voix féminine évoque la Terre Mère, Pachamama. On apprend aux jeunes filles d'élever la voix de plus en plus haut dans les notes car c'est le lien privilégié pour entrer en contact avec les divinités cosmiques du panthéon andin.» Luzmila Carpio

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Couleurs du monde de Françoise Degeorges, en collaboration avec France ô.
A l’occasion du 30ème anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, France Télévisions a développé une plateforme pour donner à comprendre comment se traduisent ces petites discriminations quotidiennes. Elle propose également une assistance juridique et des conseils aux victimes de discriminations raciales. www.francetv.fr/racismeordinaire

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