Deauville-Trouville

Vue de Deauville depuis les hauteurs de Trouville en 1930, par Mieusement photographe à Blois. Don Dadvisard 1930 - BnF - Gallica
Vue de Deauville depuis les hauteurs de Trouville en 1930, par Mieusement photographe à Blois. Don Dadvisard 1930 - BnF - Gallica
Vue de Deauville depuis les hauteurs de Trouville en 1930, par Mieusement photographe à Blois. Don Dadvisard 1930 - BnF - Gallica
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Huitième étape dans l'univers des stations thermales et balnéaires d'Europe. Plus que des lieux de soins, ces villes ont été des centres politiques, culturels et mondains, des lieux où se rencontraient rois, héritières, écrivains, compositeurs, poètes, muses...

Les Lieux

  • Les Bains de Mer de la Côte normande 

C'est Dieppe qui inaugure en France les bains de mer en 1812, la duchesse du Berry qui y passe la saison lui assure son succès. Le relais est pris par Trouville-sur-Mer, qui n'est encore qu'un village de pêcheurs, et qui va se développer avec la nouvelle bourgeoisie et l'aristocratie du Second Empire.
Des investisseurs créent de toutes pièces de nouvelles « colonies » balnéaires : Cabourg en 1853, Houlgate en 1854 et Villers-sur-Mer en 1856.  C'est ainsi que de petits villages agricoles deviennent des villes balnéaires connues et courues du monde entier. 

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  • Trouville

L'histoire de Trouville remonte au Moyen-Âge. On dit même que son nom est d’origine viking. La ville était alors un petit port de pêche.
C'est le peintre Charles Mozin qui "découvre" Trouville en 1825, même si Huet, Eugène Isabey, Xavier Leprince voyagent du côté d'Honfleur dès 1824. Viennent ensuite Corot, qui peint Trouville bateaux de pêche échoués dans le chenal, et aussi Eugène Boudin et d'autres artistes, des écrivains, Alexandre Dumas, Alphonse Karr, Gustave Flaubert (qui rencontre Élisa Schlesinger durant l'été 1836). Mais aussi des nobles, des notables…
Louis-Philippe aide également au lancement de Trouville qu'il oppose à Dieppe la légitimiste, et c'est de cette station qu'il tente de partir pour l'Angleterre lors de la révolution de 1848... A l’époque, l’afflux de population qui accompagne l’essor du chemin de fer se répercute sur l’aspect de la ville. La pratique populaire des bains de mer donne naissance aux quartiers des bains. De belles constructions s’épanouissent avec d’importants projets d’hôtels prestigieux. 

Les jeux apparaissent à Trouville et en 1845 on édifie le Casino Salon. A la suite d’un incendie en 1903 on rénove complètement le bâtiment, dans le style "art nouveau", il est finalement détruit en 1927 et 10 ans plus tard ont édifie l'hôtel Flaubert et le Palais Normand, deux exemples de style néo-normand.
En 1860 Trouville, déclarée "Reine des Plages", est à la fois une station balnéaire au front de mer très élégant et un petit port de pêche à l’architecture modeste.… Bientôt cette villégiature est concurrencée par Deauville.

Le Bellevue ne suffisant plus, on érige alors l’Hôtel de Paris, puis le Trouville Palace et enfin l’H_ô_tel des Roches Noires pour accueillir tous ces nouveaux estivants. Au-delà du Trouville Palace, le long des fameuses «  Planches » se succèdent des villas à la fière architecture balnéaire de la Belle Époque : l'éclectique villa « Sidonia » (1868), la « Maison persane », la villa « Les Flots » pastiche Renaissance (1875), la « Tour Malakoff », le « Manoir Normand », la Villa Masselin... L'actuel casino est inauguré en juin 1912, on l’a voulu le plus prestigieux des casinos en France. Il subit cependant de nombreuses dégradations lors des deux guerres.

  • Deauville

Parmi les habitués de Trouville, Joseph Olliffe, médecin mondain en vogue à la cour de Napoléon III, s'imagine lui aussi en créateur-bâtisseur et investit dans l'achat de 240 hectares de marais aux pieds de la vieille église paroissiale Saint-Laurent et des fermes alentours qui constituent l'ancien Deauville. En quatre années, de 1860 à 1864, le Deauville moderne sort des marais. De riches familles s’y font construire leurs « chalets de villégiature », des villas dans le « style éclectique », un savant mélange de styles régionaux et historiques. Ostentatoires ils affichent la réussite sociale de leurs propriétaires. Le plan d'urbanisme est inspiré par les principes parisiens du baron Haussmann : un quadrillage de larges rues.
Le « pont de l'Union » qui relie Deauville et Trouville au-dessus de la Touques est inauguré en 1861, l'hippodrome en août 1863, en même temps que la gare (pour éviter le détour par Le Havre, on prolonge la ligne de chemin de fer à partir de Lisieux), les mondanités deauvillaises de la saison estivale sont lancées pour de nombreuses années...

Par opposition à Trouville (station balnéaire), Deauville se veut «ville de plaisirs». On y construit quand même un établissement hydrothérapique en 1862, il propose des bains chauds et froids, d'eau douce ou d'eau de mer.
Le casino est au centre de la promenade, à l'arrière de celui-ci on trouve « les Arcades » et leurs boutiques sur rue et à son côté, le Grand Hôtel du Casino.

La chute de l'Empire en 1870 porte un coup fatal à Deauville : en une saison, l'aristocratie se fait discrète et déserte ses villas. Aux bouleversements politiques et à la crise économique, s'ajoute une crise écologique. La modification du rivage, due aux jetées de l'embouchure de la Touques, qui avait créé la plage de sable de Deauville et aggravée par une forte tempête lors de l'hiver 1874-1875, cette dernière jette un banc de galets à 300m du rivage obligeant à la construction d'une estacade en bois pour atteindre la mer.
Le ministère de l'Intérieur ferme le casino pour irrégularités en 1889, il est finalement démolit en 1895, ainsi se termine "La Belle Époque" pour Deauville.

Au début du 20ème siècle, Deauville demeure dans l'ombre de Trouville, station plus réputée. Le nouveau maire, Désiré Le Hoc, décide de relancer Deauville. Il fait appel à Eugène Cornuché, exploitant du casino de Trouville depuis 1909, celui-ci s'installe à Deauville et fait construire un nouveau casino à la place du Grand Hôtel, inauguré en 1912 il supplante dès ce moment celui de Trouville, la renaissance de Deauville est amorcée. L’Hôtel Normandy ouvre en 1912 et l_’Hôtel Royal_ en 1913. En 1911 on construit les tribunes de l'hippodrome de la Touques, en 1912 et en 1913, l'architecte Théo Petit, conçoit à l'arrière du casino un ensemble de boutiques de luxe pour, entre autres, le joailler Van Cleef & Arpels et la styliste Coco Chanel. S'y ajoute le café de la Potinière et Les Magasins du Printemps qui ouvrent leur première boutique hors de Paris.
Pendant la Première Guerre mondiale, Le Royal, comme beaucoup d'autres hôtels normands, est transformé en hôpital militaire.
En mai 1921 la commune reçoit, le même jour que Trouville, le label officiel de station climatique. Des soirée de gala réputées se déroulent au Casino de Deauville et les salles de jeu connaissent une activité intense. La période des Années folles marque le sommet de cette réussite avec des grands personnages comme le roi Alphonse XIII d'Espagne ou bien encore André Citroën.
En 1924 les «Bains pompéiens» ouvrent avec les célèbres «Planches» et  le Yacht-club est créé en 1929. Le troisième palace, l'Hôtel du Golf, est construit en 1927, à cette époque on aménage aussi l'hippodrome de Clairefontaine et un peu plus tard un aérodrome.

Pendant la seconde guerre mondiale, Deauville est occupée par l'armée allemande. La ville a perdu son aspect souriant : les hôtels et le casino sont recouverts d'une peinture bariolée de camouflage, les villas du front de mer sont délabrées et souvent vidées par les troupes d'occupation. La plage est envahie d'ajoncs, de broussailles et de barbelés.
Après le débarquement et la bataille de Normandie, les troupes belges franchissent la Touques le jeudi 24 août 44 sur les ruines du pont entre Deauville et Trouville. En souvenir des libérateurs le pont reconstruit porte le nom de «Pont des Belges».

Les rencontres

C'est la fin des années 50, grimpons dans l'AC Bristol, le petit bolide de Françoise Sagan, direction la côte normande... Où l'on ne manquera pas de croiser Marguerite Duras qui fait de nombreux séjours à Trouville... Là-bas, c'est le danseur Vaslav Nijinski qui se prépare, probablement pour son célèbre pas de deux du "Spectre à la rose" chorégraphié par Michel Fokine... Joyau architectural de style anglo-normand la Villa Strassburger, propriété de Ralph Strassburger dès 1924,est célèbre pour les fêtes qui s'y déroulent... Mademoiselle Suzy Delair égrène Avec son tra la la la, et le peintre Foujita n'est pas loin... Un puis on croise aussi Gabrielle Chanel, les peintresRaoul Dufy etVan Dongen, et si on sort de Deauville, le compositeur Erik Satie à Honfleur et l'écrivain Marcel Proust à Cabourg.

Les Musiques

Marguerite Duras : L'Eté dernier à Trouville
Label Radio France 211842  

Francis Poulenc : Les mariés de la tour Eiffel, « La baigneuse de Trouville »
Orchestre Philharmonique de Nice
Claire Gibault (direction)
BNL Productions

Weber : Invitation à la danse
Orchestre Philharmonique de Berlin
 Herbert von Karajan (direction)
 Deutsche Grammophon 413 587-2

Suzy Delair : Avec son tra la la la
Marianne Mélodie 329634

Chostakovitch : Concertino pour 2 pianos en la m op 94
Ismael Margain (piano)
Guillaume Bellom (piano)
B Records LBM010

Alexandre Desplat : extrait BO Coco avant Chanel, « Valse à Deauville » 

Erik Satie : la Belle Excentrique
Alexandre Tharaud (piano)
Eric le Sage (piano)
Harmonia Mundi HMC 902017.18

Nacio Herb Brown : Je cherche un millionnaire
Mistinguette
Variété 513636

Reynaldo Hahn : Ciboulette, extraits
Orchestre d'harmonie de la garde Républicaine
Roger Boutry (direction)
Caractéristiques
CBS CB 701

Christian Gentet, Jean-Pierre Robert: Week-end à Deauville
Orchestre de contrebasses
Label bleu LBLC 6536

Sources et références

Wikipédia

L'équipe

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