27 octobre 1901, Paris : Debussy, Trois Nocturnes

"Bleu et or" par le peintre américain James Abbott McNeill Whistler, St Marks, Venise, 1880, (1904), Musée national du Pays de Galles, Cardiff ©Getty - Print Collector / Hulton Fine Art Collection
"Bleu et or" par le peintre américain James Abbott McNeill Whistler, St Marks, Venise, 1880, (1904), Musée national du Pays de Galles, Cardiff ©Getty - Print Collector / Hulton Fine Art Collection
"Bleu et or" par le peintre américain James Abbott McNeill Whistler, St Marks, Venise, 1880, (1904), Musée national du Pays de Galles, Cardiff ©Getty - Print Collector / Hulton Fine Art Collection
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S'il est une œuvre qui lui a donné du fil à retordre, c'est bien l'ensemble que forment les trois Nocturnes ! Il faudra à Debussy plus de deux ans pour arriver à la version définitive. Deux ans pendant lesquels il passe par des épisodes de toutes sortes : chagrin d'amour, maladie, nouvel amour...

Aux origines des trois Nocturnes

A l'aube du XXème siècle, Claude Debussy commence à être connu du public pour ses mélodies, quelques-unes de ses pièces pour piano et pour le Prélude à l'après-midi d'un faune. Le compositeur de 39 ans souhaite prendre une nouvelle direction. Choisissant le titre Nocturnes, en référence au peintre James Abbott McNeill Whistler, il entame un triptyque symphonique avec chœur de femmes

Le titre "Nocturnes" veut prendre ici un sens plus général et surtout plus décoratif. Il ne s'agit pas de la forme habituelle du Nocturne, mais de tout ce que ce mot contient d'impressions et de lumières spéciales. Nuages : c'est l'aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages, finissant dans une agonie grise, doucement teintée de blanc. Fêtes : c'est le mouvement, le rythme dansant de l'atmosphère avec des éclats de lumières brusque, c'est aussi l'épisode d'un cortège (vision éblouissante et chimérique) passant à travers la fête, se confondant avec elle ; mais le fond reste, s'obstine et c'et toujours la fête et son mélange de musique, de poussière lumineuse participant à un rythme total. Sirènes : c'est la mer et son rythme innombrable, puis, parmi les vagues argentées de lune, s'entend, rit et passe le chant mystérieux des Sirènes.

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Dans les lettres à son éditeur Georges Hartmann ou à son amis Pierre Louÿs, Debussy évoque ses états d'âme, ses maladies, le départ de sa compagne ainsi que l'avancement de la composition dans laquelle il place tant d'espoirs : "J'espère que ce sera de la musique en plein ciel et qui frissonnera sous le grand coup d'aile du vent de la Liberté". Enfin, assure le compositeur à son éditeur, les Nocturnes sont prêts. Il se propose de les apporter lui-même chez le graveur. C'est sans compter la "terrible manie" de Debussy, qui remanie sans cesse les partitions. C'est seulement en janvier 1900 qu'il rend enfin les trois Nocturnes, après de nombreux changements.

Insaisissables harmonies

La patience de Georges Hartmann ne sera pas récompensée, car il meurt en avril 1900 sans avoir entendu les trois Nocturnes. Le 27 octobre 1901, sous la baguette de Camille Chevillard, Claude Debussy se réjouit de pouvoir entendre la partition au complet pour la première fois. Mais sa joie n'est pas sans mélange. Les critiques ne sont pas hostiles, mais ils emploient des termes inhabituels : "fuyant et comme insaisissable..." ; "inspirations arythmiques, imprécises, androgynes".

D'autres sont dithyrambiques, comme celle parue dans La Liberté, rédigée par Gaston Carraud : "Les Nocturnes sont à la fois d'originales visions de peintre et de délicates imaginations de poète, non point traduites, mais directement muées en exquises sensations musicales; Et ces pièces, d'un art si raffiné, sont au fond si claires, si simples ! Mais oui, si simples : examinez donc de près comme ces idées, singulièrement évocatrices, sont logiquement, régulièrement, symétriquement ordonnées ; comme ces harmonies compliquées, ces modulations incessantes restent soumises au sentiment tonal. Avant de trouver bizarre, prenez donc la peine d'écouter : en vérité, cela est d'une construction classique."

Programmation musicale

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) III. Sirènes
Glee Club de l'Université de Wayne, Orchestre Symphonique de Detroit, direction Paul Paray
MERCURY MERC 434306-2

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) II. Fêtes
Philharmonia Orchestra, direction Carlo Maria Giulini
WARNER CLASSICS 0190295736750/15

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) III. Sirènes
Orchestre National et Chœur de l'ORTF, direction Jean Martinon
EMI 7695872

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) I. Nuages
Orchestre New Philharmonia, direction Pierre Boulez
SONY 0886919317921

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) II. Fêtes
Orchestre Symphonique de Detroit, direction Paul Paray
MERCURY MERC 434306-2

Claude Debussy (1862-1918)
Nocturnes (1897-1899) III. Sirènes
Orchestre National et Chœur de l'ORTF, direction Jean Martinon
EMI 7695872

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