Fats Waller, avec Louis Mazetier

Publicité

Nous avons évoqué, voici deux semaines, en compagnie de Pierre Christophe, la figure joviale du pianiste Erroll Garner. Aujourd'hui nous allons remonter le temps d'une génération, puisque nous avons choisi, pour ouvrir cette nouvelle année, de parcourir l'univers d'un autre pianiste, Fats Waller. Avec James P. Johnson, qui fut son mentor, et Willie « The Lion » Smith, qui inspira durablement Duke Ellington, Fats est généralement considéré comme l'un des trois grands du piano « stride », un style instrumental particulièrement exigeant, dont nous essaierons de cerner les caractéristiques, avant de définir plus précisément le jeu de Fats Waller lui-même. « Entertainer » de premier plan, amuseur public jamais à court d'un gag, Fats n'était pourtant pas un modèle d'équilibre dans la sphère privée, et la qualité de son embonpoint ne dissimule guère les graves fêlures que l'homme connut tout au long de sa courte existence, depuis une adolescence perturbée jusqu'à sa mort prématurée, dans une cabine de train au chauffage défectueux, à la mi-décembre 1943 - il n'avait pas encore quarante ans. Remarquable pianiste, au jeu subtil et nuancé, Fats Waller fut aussi un prolifique compositeur, dont le répertoire continue, soixante-dix ans après sa disparition, de nourrir l'imaginaire des générations suivantes. Et j'ai précisément le plaisir de recevoir ce matin, pour évoquer le génie de Fats, le pianiste Louis Mazetier, qui est considéré dans le monde entier comme l'un des meilleurs spécialistes de ce style qu'il pratique en virtuose, même s'il n'a jamais réussi à choisir entre ses deux passions, entre le jazz et le métier de radiologue qui occupe ses journées.

Invités

Publicité

Louis Mazetier

Louis Mazetier est né à Paris le 1er février 1960.
Dès 1967 il prend ses premiers cours de piano à Aubusson où la famille s'est installée depuis un an.
C'est vers 1974 que Louis a son premier "coup de foudre" avec la découverte fortuite de Fats Waller, et il se met alors sérieusement au travail en autodidacte pour reproduire les disques d'oreille. Le "virus" du Jazz est là, la passion est née ! Louis assimile avidement et pêle-mêle la musique des grands pianistes Stride. Fats, bien sûr, James P. Johnson, Willie Smith, mais aussi Jelly Roll Morton, le Boogie Woogie, le Blues, Earl Hines, Teddy Wilson et Art Tatum : les maîtres du piano Jazz. Plus tard, viendront les influences d'Erroll Garner, Hank Jones, Jimmy Rowles, Bud Powell, Oscar Peterson et Bill Evans.
En 1977, Louis "monte" à Paris pour poursuivre ses études : Math Sup puis Médecine. Il découvre les clubs de Jazz où il fait d'abord "le boeuf" avant de devenir pianiste de quelques orchestres amateurs.
En 1978, Louis se produit dans de nombreux clubs de Jazz (la London Tavern, le Caveau de la Huchette, le Slow Club, le Petit Journal, la Louisiane, le Cambridge, etc...) et fait ainsi la connaissance des musiciens Parisiens.
En 1983, une grande rencontre, celle de François Rilhac qui devient son ami et son complice. Ils mettent alors au point un duo de piano stride original qui rencontre tout de suite un immense succès auprès du public et des musiciens, et où la joie de jouer, le swing et la musicalité alliés à une technique exemplaire scellent une complicité magique.
C'est aussi à cette époque que Louis rejoint l'orchestre de Gilbert Leroux dont il restera le pianiste pendant plus de 10 ans.
En 1988, Louis Mazetier forme avec Patrick Saussois (guitare) et Enzo Mucci (contrebasse) un trio qui accompagnera notamment Maxime Saury et Benny Waters.
Parallèlement naît l'orchestre Paris Washboard qui réunit Daniel Barda au trombone, Alain Marquet à la clarinette, Gilbert Leroux puis Gérard Bagot au washboard et bien sûr Louis au piano. Cet orchestre à l'instrumentation originale est l'un des orchestres français les plus demandés à l'étranger où il effectue régulièrement concerts et tournées et remporte toujours un grand succès.
Après plus de 20 ans d'existence, cet orchestre garde une fraîcheur et un punch juvéniles.
Depuis 1991, Louis développe une activité de pianiste soliste qui met en valeur un jeu subtil, sensible, puissant, et un style personnel où l'influence du piano stride se conjugue avec celle d'Art Tatum et des pianistes plus modernes.
En 1992, l'Académie du Jazz lui décerne le prix Sidney Bechet du meilleur musicien de Jazz traditionnel ainsi que le prix Bill Coleman du meilleur disque. D'autres prix de l'académie du Jazz et du Hot Club de France viendront récompenser des disques en solo ou avec Paris Washboard dans les années 2000.
Louis Mazetier est l'un des seuls pianistes au monde capables de jouer le répertoire du Piano Jazz dit "traditionnel" (d'avant le Be Bop). Ce talent rare fait de lui un pianiste très recherché. Il est aussi compositeur de plusieurs morceaux originaux et a redigé de nombreux articles pour diverses revues de Jazz.
Depuis 2000, Louis a joué avec les plus grands musiciens de Jazz "classique" américains (Dick Hyman, Peter Ecklund, Warren Vache, Ken Peplowski, Jake Hanna, Evan Christopher, etc...) et a fait des concerts dans le monde entier. Il a à son actif plus de quarante disques en solo, en orchestre ou en duo de piano avec Neville Dickie, Dick Hyman, Bernd Lhotzky ou Jeff Barnhart.
Louis met ses dons d'improvisateur, sa musicalité, sa formidable technique et sa profonde connaissance du Piano Jazz Classique au service de la musique des plus grands : Fats Waller, Duke Ellington, James P. Johnson, Willie "The Lion" Smith, Jelly Roll Morton, Don Lambert, Art Tatum. Il interprète aussi à sa manière avec art et passion les plus grands standards du Jazz (George Gershwin, Cole Porter, Jérôme Kern, Harold Arlen, Irving Berlin etc...° et garde toujours une place pour quelques compositions personnelles et pour le Blues le plus pur dans ses récitals.

Programmation musicale

Thomas « Fats » Waller (1904-1943) / Andy Razaf (1895-1973) / Harry Brooks (1895
Ain't Misbehavin' (« Fats Waller »)
Fats Waller, piano et Zutty Singleton, batterie
Masters of Jazz R2CD 801523 janvier 1943

Thomas « Fats » Waller
Handful of Keys (Fats Waller « The Quintessence »)
Fats Waller, piano solo
Frémeaux & Associés FA 2071er mars 1929

James P. Johnson
Carolina Shout (« Les Trésors du Jazz, 1898-1925 »)
James P. Johnson, piano solo
Le Chant du Monde 574 12011921

James P. Johnson
Carolina Shout (Fats Waller « The Joint Is Jumpin' »)
Fats Waller, piano solo
Bluebird ND862881941

Thomas « Fats » Waller
Viper's Drag (Fats Waller « The Quintessence »)
Fats Waller, piano solo
Frémeaux & Associés FA 20716 nov 1934

Thomas « Fats » Waller
Numb Fumbling (Fats Waller « The Quintessence »)
Fats Waller, piano solo
Frémeaux & Associés FA 2071er mars 1929

W. C. Handy
Beale Street Blues
Alberta Hunter, voix et Fats Waller, orgue
JSP1927

Thomas « Fats » Waller
Keepin'Out of Mischief Now (Fats Waller « The Quintessence »)
Fats Waller, piano solo

Frémeaux & Associés FA 20711 juin 1937

Thomas « Fats » Waller
*B Flat Blues (Fats Waller « His Piano * *— * *His Rhythm * *— * The Complete Associated Transcription Session
John Hamilton, Gene Sedric, Fats Waller, John Smith, Slick Jones
Fats Waller and His Rhythm
Jazz Unlimited 203 20767 août 1939 (

Thomas « Fats » Waller
Lounging at the Waldorf
Fats Waller, piano et voix
Fats Waller and His Rhythm
JSP

Charlie Tobias
Where Were You On the Night of June the Third
Fats Waller, piano et voix
Jazz Unlimited 203 207611 mars 1935

Mack Gordon / Harry Revel
Don't Let It Bother You (Fats Waller « His Piano * * His Rhythm ...)
Fats Waller, piano et voix
Jazz Unlimited 203 207611 mars 1935

Thomas « Fats » Waller / Andy Razaf / Harry Brooks
Black And Blue (Louis Armstrong « Satch Blows the Blues »)
Armstrong, Hobson, Robinson, Curry, Wethington, Strong, Dickerson, Anderson, ...
Columbia 508605200022 juillet 1929

Thomas « Fats » Waller
Squeeze Me (The Boy1 in the Boat) (Willie « The Lion » Smith « Piano Solos »)
Willie « The Lion » Smith, piano
Commodore CCD 70121939

Thomas « Fats » Waller / Andy Razaf / Harry Brooks
Sweet Savannah Sue (Louis Armstrong « Louis & the Big Bands 1928-1930 »)
Armstrong, Hobson, Robinson, Curry, Wethington, Strong, Dickerson, Anderson, ...
Swing CDXP 84501929

Thomas « Fats » Waller
Willow Tree
James P. Johnson, piano
JAZZOLOGY1944

Thomas « Fats » Waller
Jitterbug Waltz
Art Tatum, piano
16 avril 1950

Thomas « Fats » Waller (1904-1943)
Honeysuckle Rose (Count Basie « Complete Edition, volume 3, 1929-1937 »)
C. Roberts, sax alto; H.Evans, L.Young, sax ténor; J.Washington, sax alto et ten
Count Basie and his orchestra
Masters Of Jazz MJCD21 janvier 1937

Louis Mazetier (né en 1960)
Big Filthy (Louis Mazetier « My Own Stuff »)
Louis Mazetier, piano
Arbors Records ARCD 19442juin 2011

L'équipe

pixel