Les musées : premiers déconfinés

Les musées seront finalement les premiers à rouvrir leurs portes au public ©Maxppp - Gaujard Christelle - Photo PQR - République du Centre
Les musées seront finalement les premiers à rouvrir leurs portes au public ©Maxppp - Gaujard Christelle - Photo PQR - République du Centre
Les musées seront finalement les premiers à rouvrir leurs portes au public ©Maxppp - Gaujard Christelle - Photo PQR - République du Centre
Publicité

Antoine Pecqueur s'intéresse ce matin à la réouverture des musées annoncée pour la mi-mai par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Qu’est-ce que cela représente pour le secteur culturel ?

On a assisté ces dernières semaines à une perpétuelle valse-hésitation. Des sources proches du pouvoir indiquaient un jour que la réouverture se ferait en fonction des lieux : d’abord les musées, puis les salles de spectacle. Mais d’autres au contraire affirmaient ensuite que tous les lieux réouvriraient au même moment, que ce principe égalitaire était essentiel, et que les différentes étapes concerneraient les jauges : d’abord 35%, puis 65% puis 100% à la rentrée de septembre.
Au final, Emmanuel Macron aurait donc tranché : ce seront les musées d’abord. Le problème n’est pas de privilégier ce type de lieu. Même des personnalités du monde du théâtre l’appelaient de leurs vœux. Mais ce que dénonce le secteur du spectacle vivant, c’est d’avoir entretenu le flou et la confusion.

Pourquoi les musées ont-ils été privilégiés ?

On peut y voir derrière un argument sanitaire, consistant à privilégier les espaces où le public circule et non pas des lieux où les spectateurs restent à une place fixe. Et surtout, l’ouverture pendant de nombreux mois des galeries, a montré que la circulation du public dans des salles d’exposition pouvaient très bien fonctionner. Les musées ont des configurations relativement proches, hormis évidemment la question de la billetterie. Mais en l’absence d’un grand nombre de touristes, la maîtrise des flux devraient être relativement fluide, même dans les plus grandes institutions comme le Louvre ou Orsay. Se pose néanmoins la question des horaires d’ouverture avec le couvre-feu.
Enfin, d’un point de vue politique, pour le pouvoir, il fallait donner au même moment un signal pour le secteur culturel et pour la restauration, pour ne surtout pas montrer qu’un des deux secteurs seraient privilégiés, ce qui est donc le cas avec cette possibilité de réouverture au même moment des terrasses et des musées. Le calcul est d’autant plus politique que l’échéance des régionales arrive à grand pas.

Publicité

Mais il faudra donc attendre pour les salles de spectacle et de cinéma…

Effectivement, il parait donc désormais quasi impossible pour les salles de spectacle de proposer encore quelques dates de fin de saison. En ligne de mire se pose donc désormais la question des festivals. Or des la fin mai, c’est le début normalement des grandes manifestations : Nuits de Fourvière, Biennale de la danse, Printemps des comédiens ou encore La Folle Journée dont c’est le troisième report. Il y a donc urgence pour le secteur à avoir un calendrier précis. On pourra aussi au final regretter que le France n’ait pas joué la carte de l’exception culturelle.
J’ai été ces dernières semaines comme vous le savez en Espagne et en Bulgarie, où les salles sont restées ouvertes pendant la crise. Et ces lieux ont profité de cette période pour attirer un nouveau public, plus jeune, plus diversifié, qui cherchait à sortir alors que de nombreux autres lieux de distraction étaient fermés. La France est passé à côté de cette occasion historique de renouvellement du public, dommage pour un pays qui se dit le chantre de la démocratisation culturelle.

L'équipe

pixel