Le Concerto pour piano n°2 de Brahms
Mélissa Khong, Alain Lompech et Philippe Venturini élisent la version de référence du Deuxième Concerto pour piano de Johannes Brahms.
compte-rendu:
Un Brahms cadenassé, étouffant, défendu par un piano prosaïque et un orchestre opaque : il y a peu de voix pour sauver le Second Concerto de Stephen Kovacevich et Wolfgang Sawallisch, pourtant admirables complices.
Solennel et languide, statique et sévère, à la limite de la brutalité, le Second Concerto de Brahms que Rudolf Buchbinder et Nikolaus Harnoncourt essaient de présenter sous un jour différent fait l’unanimité contre lui. Il passe tout de même le premier tour.
Emil Gilels et Eugen Jochum sont sur la même longueur d’ondes : pris à un tempo très lent, le Concerto semble un monde en réveil, sorte de combats de géants un peu fatigués. Ce Brahms de tradition est une cathédrale qui n’est pourtant pas dépourvue de souffle…
Quel seigneur que Nelson Freire ! D’un toucher rond et rayonnant, le pianiste brésilien illumine Brahms, soignant mille détails, respirant avec ses partenaires, tandis que Riccardo Chailly guide chacun avec nerf et souplesse. Le mouvement lent atteint une rare plénitude.
Nous plongeons, avec George Szell et Rudolf Serkin, en plein romantisme allemand : nos deux colosses font naitre la flamme à chaque mesure, chantant à tue-tête, tout en s’écoutant merveilleusement l’un l’autre ; ça vit, ça vibre ! L’Andante du troisième mouvement, porté par un violoncelle de rêve, est à un opéra à lui seul. Sublime.
L’élan, la spontanéité, le rebond, l’énergie et la lumière sont du côté de Claudio Abbado et Maurizio Pollini. Dans une prise de son qui place un peu l’orchestre en retrait (c’est un live), les deux brahmsiens s’entendent, se complètent, glissent théâtre et tendresse, irisent le Concerto d’une grâce incomparable. C’est la version de l’éloquence et de l’équilibre.
palmarès:
N°1
Version F
Maurizio Pollini, Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Claudio Abaddo (DG, 1976)

N°2
Version B
Rudolf Serkin, Orchestre de Cleveland, dir. George Szell (Sony, 1966)

N°3
Version D
Nelson Freire, Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dir. Riccardo Chailly (Decca, 2005)

N°4
Version E
Emil Gilels, Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Eugen Jochum (DG, 1972)

N°5
Version A
Rudolf Buchbinder, Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, dir. Nikolaus Harnoncourt (Teldec, 1998)

N°6
Version C
Stephen Kovacevich, Orchestre philharmonique de Londres, dir. Wolfgang Sawallisch (Warner, 1993)

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- Jérémie RousseauProduction
- Béatrice TrichetRéalisation
- Marie-Christine FerdinandCollaboration