Jordi Savall : "La musique est le véritable langage de l’Europe"

Le chef d'orchestre Jordi Savall - Barbara Rigon
Le chef d'orchestre Jordi Savall - Barbara Rigon
Le chef d'orchestre Jordi Savall - Barbara Rigon
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A l’aube de ses 80 ans, le chef d’orchestre espagnol Jordi Savall et son ensemble Le Concert des Nations proposent l'Orfeo de Monteverdi pour la réouverture de l’Opéra-Comique, dans une toute nouvelle production signée Pauline Bayle.

Avec
  • Jordi Savall Gambiste et chef d’orchestre catalan (Igualada, Catalogne, 1941 -)

Du 4 au 10 juin, l'Opéra-Comique accueillera une nouvelle production de l'Orfeo, de Monteverdi, dans une mise en scène de Pauline Bayle. Jordi Savall sera fidèlement à la tête de l'ensemble instrumental Le Concert des Nations et de l'ensemble vocal La Capella Reial de Catalunya. Quant au rôle-titre, le chef espagnol l'a confié à Marc Mauillon. Jordi Savall, avec sa longue et fructueuse carrière, avait déjà dirigé et gravé au disque l’Orfeo en 2002 au Grand Théâtre de Liceu à Barcelone, célébrant au passage la réouverture de la salle, après un incendie survenu quelques années auparavant. Presque 20 ans après, lorsque l'on demande au chef si son interprétation et sa vision de l’œuvre ont évolué, Jordi Savall répond : « C’est une œuvre que je porte depuis beaucoup d’années et ce nouvel Orfeo est peut-être plus essentiel. Avec le temps, on comprend mieux ce qui est superflu. » 

Pauline Bayle, dans sa mise en scène, a fait le choix de la sobriété en matière de décor, et mise sur une théâtralité développée, se rapprochant de ce que désirait le compositeur : « Monterverdi, lorsqu’il avait le choix entre une chanteuse et une actrice, prenait l’actrice ! L’acte de faire le théâtre est aussi important que de faire de la musique », affirme le chef d’orchestre. Le choix du personnage principal fut donc déterminant pour notre duo Jordi Savall et Pauline Bayle, souhaitant respecter l’opéra originel. Le choix s’est donc naturellement tourné vers Marc Mauillon, excellent acteur et chanteur : « Marc Mauillon est un chanteur rare, il est aussi bon dans une chanson de troubadour que dans une pièce baroque de Rameau. Il porte toute la tradition du chant, couplée à une expression corporelle. Pour moi, c’est un Orfeo idéal, avec une magnifique voix grave, ainsi que les aiguës d’un ténor. » 

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"Il n'y a pas un seul ensemble de musique ancienne en Espagne soutenu par l’Etat, hormis le mien" Jordi Savall

Un projet en cachant un autre, Jordi Savall a sorti le 7 mai, sous son propre label AliaVox, un triple disque consacré à L’Officium Hebdomadæ Sanctæ, du compositeur espagnol Tomás Luis de Victoria.
Selon Jordi Savall, cette œuvre, peu jouée, colossale, est une œuvre "d’une grande difficulté". Elle fut composée en 1585 à la passion de Jésus Christ, durant la semaine sainte. « Cette œuvre est d’une extrême complexité, d’une richesse polyphonique incroyable et d’une austérité qui lui donne cette force passionnelle. » Placée au cœur du siècle d’or, L’Officium Hebdomadæ Sanctæ s’inscrit dans une spiritualité qui exprime la beauté pure de l’art espagnole. 

"Je ne peux pas imaginer meilleure façon de comprendre l’Histoire qu’en faisant de la musique" Jordi Savall

Attristé, Jordi Savall déplore le manque d’aides et de visibilité de la musique ancienne espagnole, trop peu jouée : « Je pense que ça vient d’une ignorance de la valeur du patrimoine musical. », poursuit-il. En effet, l’Espagne compte une trentaine d’Orchestres Symphonique soutenus par l’état, et un seul de musique ancienne, celui de notre invité, Jordi Savall. C'est pourquoi le chef d'orchestre interpelle fréquemment les autorités espagnoles : "Je réclame qu'on valorise les musiciens qui font rayonner ce répertoire".
A ce titre, le chef d’orchestre baroque a fondé en février dernier la Fédération des ensembles et interprètes professionnels indépendants des musiques historiques d’Europe, afin d’obtenir de meilleures relations entre les pouvoirs publics et les musiciens d’orchestres.  

A l’aube de ses 80 ans, Jordi Savall ne compte pas s’arrêter là, puisqu’à l’avenir, il compte même s’attaquer à un tout autre répertoire ... en dirigeant Bruckner ! 

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L'Orfeo de Monteverdi à entendre sur France Musique le samedi 3 juillet à 20h

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