La photographe Valérie Jouve, pour "Corps en résistance" au Jeu de Paume

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La photographe Valérie Jouve présente l'exposition "Corps en résistance" au Jeu de Paume (Paris) du 2 juin au 27 septembre 2015. Elle est l'invitée de Vincent Josse dans la matinale.

Présentation de l'exposition, sur le site Internet du Jeu de Paume :

guillemets ouvrants
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Le travail photographique et filmique de Valérie Jouve est fondé sur l’alchimie entre les corps et l’espace, l’humain et le paysage urbain. Intitulée « Corps en résistance », l’exposition du Jeu de Paume permet de découvrir un ensemble conséquent d’oeuvres réalisées par l’artiste entre la fin des années 1980 et aujourd’hui.

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Après des études d’anthropologie, Valérie Jouve (née à Saint-Étienne en 1964 ; vit à Paris) suit l’enseignement de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles avant de devenir photographe et cinéaste. Elle appartient à la génération de ces artistes qui, en France, se sont éloignés de la grande tradition humaniste des reportages photographiques, sans pour autant en rejeter complètement les éléments essentiels.
Les photographies et les films de Valérie Jouve relèvent tout autant de l’art contemporain et du documentaire de création que de l’anthropologie et de la sociologie. Donnant à voir des personnages en mouvement et des architectures, ils interrogent la présence du corps dans la ville et les manières d’habiter l’espace. Les deux sujets classiques du paysage et du portrait sont associés de telle sorte que, dans la densité de situations urbaines, prennent place des scènes hautement chorégraphies.

Les compositions photographiques de Jouve esquissent un espace trouble, volontairement indéterminé, que souligne le Sans titre de ses corpus d’images. Formant un ensemble ouvert, complété par l’artiste au fil du temps, chaque corpus est identifié par un sous-titre générique précisé entre parenthèses : Les Personnages, Les Façades, Les Passants, La Rue, Les Situations, Les Arbres...

La sélection présentée au Jeu de Paume couvre plus de vingt ans du travail de l’artiste. Le parcours crée une tension entre ces images fixes et une série de films interrogeant la ville et ses marges, depuis Grand Littoral et Traversée jusqu’à la nouvelle pièce de Valérie Jouve, Blues*. Réalisée spécialement pour cette exposition, Blues évoque le problème du pouvoir abusif de certains sur d'autres (pays, hommes). Valérie Jouve est partie au Guatemala filmer et photographier ce qu'il advient du paysage après l'arrivée et l'exploitation du sol par les gringos, comme les appellent les indiens natifs. Composée d'un ensemble de cinq séquences filmiques projetées, de photographies, de textes et de son, cette œuvre se construit autour d’une figure principale, Tania Carl, chanteuse de blues, partie de France pour le Guatemala.

À la façon d’une composition musicale, Valérie Jouve envisage l’accrochage de « Corps en résistance » de manière à produire un mouvement dans lequel le spectateur est aussi acteur.

« Je cherche à évoquer une certaine intensité du monde vivant. […] Je travaille l’habitation d’un espace et souhaite que les spectateurs vivent une expérience de cet espace-là, au travers des images. » (Valérie Jouve)

Les corps sont habités par l’espace qu’ils parcourent, ils deviennent parfois machinaux tant la répétition des gestes du quotidien les façonnent. Les Situations, Les Parcours et Les Sorties de bureau illustrent la mécanique des corps opérant un déplacement entre l’espace intérieur et l’espace public.

« Le regard de l’artiste sollicite la forte résistance aux normes impersonnelles du territoire, de ces sujets sans nom qui sont silencieusement nommés par la voix qui habite ces images. » (Marie-José Mondzain)

Dans l’œuvre de Valérie Jouve, les espaces urbains ou périurbains sont marqués par les ensembles bâtis, excluant la terre. Certaines images représentent des espaces génériques à la géométrie implacable, alors que d'autres images mettent en scène l’être humain, à échelle réelle, comme une puissance active dans la ville et un appel à l’action.

« Parce qu’elle ressent les êtres vivants […] comme déconnectés d’un réel absorbant, pour ne pas dire étouffant. […] La plupart des figures d’hommes et de femmes […] font effraction, avec soudaineté […]. La recherche de la photographe se place du côté de la résistance, de la force et de la présence, donc de ce qu’elle appelle « être là ». […] Elle incite alors à ce « décalé » par rapport à nos habitudes, nos perceptions et à notre ésignation. » (Arlette Farge)

guillemets fermants
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