L’impact du Brexit sur le secteur culturel

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En direct depuis Londres, notre chroniqueur Antoine Pecqueur revient sur l’impact du Brexit sur l’économie de la Grande-Bretagne et notamment sur son secteur culturel.

A Londres, tous les experts s’attendaient à une situation bien pire, l’impact reste pour l’instant modéré : au troisième trimestre, la croissance a été de 0.5%. Pour autant, ce qui change dans l’économie est bien entendu la chute de la livre sterling. Depuis le Brexit, elle a baissé de 15% par rapport à l’euro, avec à la clef forcément des effets positifs et négatifs. Parmi les effets positifs : grâce à ce niveau de la Livre, les exportations évoluent rapidement et de manière régulière. L’industrie automobile anglaise a réalisé un mois de septembre record, avec +5% par rapport à l’an dernier. Et pour les structures culturelles, il est donc le moment de partir en tournée. Les déplacements par exemple des orchestres anglais deviennent bien plus intéressants économiquement parlant. Autre conséquence positive de la chute de la livre, le tourisme est à la hausse, avec beaucoup plus d’Européens mais aussi d’Américains. Cet été, plus de 13% d’Américains par rapport à l’année dernière, car la livre a aussi chuté face au dollar de -18%.
Les touristes supplémentaires sont-ils aussi une manne pour les institutions culturelles ? Les « Proms » (évènement culturel de la BBC) ont affiché cet été un taux de fréquentation de 88%, qui est relativement stable par rapport aux précédentes éditions. Il faudra surtout prêter attention aux scores de l’opéra royal de « Covent Garden » par exemple, plus lié au tourisme.

Naturellement, la chute de la livre sterling n’a pas que des effets positifs, les Anglais partent moins à l’étranger, et surtout le coût des produits étrangers augmente. Par exemple les produits Apple ont augmenté de 10% et donc le pouvoir d’achat et notamment celui des artistes va en souffrir c’est certain. En ce qui concerne plus spécifiquement la filière culturelle, un rapport a été remis la semaine dernière à Karen Bradley, qui est la secrétaire d’Etat à la culture. En Grande Bretagne, ce rapport a été réalisé par la fédération des industries culturelles et tente de mesurer l’impact du Brexit tout en formulant des propositions. Ce rapport s’inquiète des conséquences à long terme du Brexit, et demande ainsi que même après avoir quitté l’union, la Grande-Bretagne puisse encore rester dans le programme « Europe créative » (programme de financement de la culture de Bruxelles) et puisse encore participer au système des capitales européennes de la culture. Le rapport préconise aussi de faciliter la circulation des artistes pour les tournées musicales, ou les productions audiovisuelles et enfin demande à faire de la propriété intellectuelle une limite infranchissable dans les accords commerciaux. Les artistes avaient largement milité dans le camp du « remain », c’est-à-dire pour rester dans l’union européenne. Mais un tel rapport reste étrange, on a l’impression que la fédération des industries culturelles n’a pas vu que le pays a tout de même voté en faveur du Brexit et que le milieu souhaite donc faire un peu comme si de rien n’était. Un peu à l’instar de Theresa May, la Première ministre, qui semble chercher à reporter le départ effectif de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. On parle maintenant de l’échéance 2019.

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