« Dust Memories » de Frédéric KAHN pour ensemble instrumental et électronique (1/5)

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Le compositeur Frédéric Kahn, sollicité pour l'écriture d'un nouvel Alla Breve, a confié l'interprétation de sa partition pour quatre instruments et électronique, "Dust of memories", à l'Ensemble L'Itinéraire.

« Dust Memories » de Frédéric KAHN pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et échos intimes fixés, interprété par l’Ensemble « l’Itinéraire » ( Anne Mercier, violon - Florian Lauridon, violoncelle - Julie Brunet-Jailly, flûte et Carjez Gerretsen, clarinette)
Commande et Création enregistrée le 7 janvier 2014

1er mouvement :
Dans nos Alla Breve cette semaine, une composition pour quatre instruments relayés par l'électronique sous la forme d'échos intimes : "Dust Memories ".
De Frédéric Kahn, la musique s'est déjà fait entendre à Radio France plusieurs fois ces dernières années, d'abord à l'occasion d'un "Concours des Chasseurs de Sons" déjà ancien, et plus près de nous, au moment de la création de sa pièce "Sterblich, ou le purgatoire des sens" en 2003. Frédéric Kahn est un compositeur de studio, et il enseigne l'informatique musicale à l'université de Lyon 2.
Les rapports entre geste instrumental et électronique l'intéressent beaucoup : "Dust memories" nous en offre un aperçu.

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"Pourquoi un art de la poussière" ?
La poussière - le mot vient du latin "pulvus", lui-même dérivé du classique "pulvis", qui allait donner "la poudre", désigne une anti-valeur. En conséquence, la conscience collective déclare la guerre à ces myriades de micro-particules qui voltigent dans l'air et voilent la lumière.
Cette poussière concrétise la destruction, la mort même. Rien ne résiste à l'émiettement, à une dislocation des blocs ou des êtres : les morceaux et les grains, à leur tour, subiront la diminution. Notre corps lui-même participe au drame de cette pulvérisation : nous ne cessons de "desquamer". Nos cellules émettent des "simulacres" qui s'envolent dans les airs, ainsi remplis de "détritus".
Lucrèce l'a reconnu : "Observe, en effet, toutes les fois qu'un rayon de soleil se glisse et répand son faisceau de lumière dans l'obscurité de nos demeures : tu verras une multitude de menus corps se mêler de mille manières, parmi le vide...et, comme engagés dans une lutte éternelle, se livrer combats, batailles, guerroyer par escadrons sans prendre trêve, agités par des rencontres et des divorces sans nombre."
Texte de François Dagognet

Note d'intention de Frédéric Kahn :
"Cette partition à été composée d’après le souvenir et la relecture d’un article de François Dagognet intitulé « Pourquoi un art de la poussière ? » augmenté par l’inspiration d’une photographie (Elevage de poussière – Marcel Duchamp + Man Ray, 1920).
"Dust", par exemple, nous propose une exploration sur le changement d’état de la matière. Au seuil de l’imperceptible, des pigments sont en suspension autour d’un champ magnétique. Ainsi, l’écriture de cette pièce interroge les relations possibles entre le son et le geste, l’espace et l’écoute intégrant des échos intimes ou textures électroniques en rapport étroit avec les parties instrumentales. Aussi, chacune des sections demeure-t-elle très contrastée, assumant leurs apparentes contradictions récurrentes et oscillant entre l’évaporation des sons après leurs fracassantes apparitions; résurgences impromptues…
Des doublures ou prolongements apparaissent, tels des principes de coïncidences ou des proximités lointaines ; cinq fragments sans trêve constitués de sons aigus, légèrement déviés à chaque fois par des micro-intervalles électroniques, générant ainsi battements, amplification harmonique ou pulsations pas forcément perceptibles. L’auditeur est convié à un voyage à l’intérieur du son - entre deux types d’émotion dissemblables mais complémentaires - provoquant ainsi un élargissement de sa perception".

Dust memories (Elevage de poussière) par Marcel Duchamp et Man Ray (1920)
Dust memories (Elevage de poussière) par Marcel Duchamp et Man Ray (1920)

Actualités :
A noter : Création publique de DUST MEMORIES de Frédéric Kahn
Le Lundi 03 février 2014 à 20h,
Au Conservatoire (CRR) de Boulogne-Billancourt, salle d’art lyrique
« L’Itinéraire 1973-2013 RETROSPECTIF / PROSPECTIF I »
**Programme : **
Frédéric Kahn Dust memories (Création Mondiale) / Gérard Grisey Anubis – Nout / François Paris Roque / Giacinto Scelsi Ko-Lho / Ondřej Adámek Chamber Noise / Fuminori Tanada Echoing Forest / José Manuel López-López Trio II
Entrée libre, réservation conseillée au : 01.41.31.83.44 ou ensembleitineraire@gmail.com

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