Monteverdi : Vespro della Beata Vergine (Vêpres de la Bienheureuse Vierge Marie) SV 206
L'ensemble Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon interprète les Vespro della Beata Vergine de Claudio Monteverdi. Un concert donné le 9 février 2019 à 19h en la Chapelle Royale de Versailles.
Structure
IntonatioDeus in adjutorium meum intende
ResponsoriumDomine ad adiuvandum
Psalmus 109Dixit Dominus
ConcertoNigra Sum
Psalmus 112Laudate pueri
ConcertoPulchra es
Psalmus 121Laetatus sum
ConcertoDuo Seraphim
Psalmus 126Nisi Dominus
ConcertoAudi coelum
Psalmus 147Laude Jerusalem
Sonata sopraSancta Maria
HymnusAve maria stella
Magnificat
Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi sont composées en 1610 à l'occasion de la publication de son deuxième recueil de musiques sacrées , aux côtés de la Missa in illo tempore, messe polyphonique à six voix. Depuis 1590, Claudio Monteverdi travaille pour le duc de Mantoue, en tant que maître de musique de la chambre, puis maître de chapelle. C'est ici qu'il compose ses opéras l'Orfeo puis l'Arianna. Les Vespro constituent son oeuvre sacrée la plus importante, composée alors que Monteverdi songe à changer d'endroit, accablé par la charge de travail imposée par le duc moyennant faible rétribution. Il dédie son travail directement au pape Paul V, dans l'espoir de trouver un nouveau poste à Rome, et de voir accordée à son fils une bourse pour étudier au Vatican. Malheureusement pour lui, le pape ne donna jamais suite à cette requête; finalement Monteverdi obtint un poste à la chapelle de Saint-Marc de Venise en 1613. Pourtant, Monteverdi avait réuni les ingrédients nécessaires : les textes suivent la ligne politique du pape, chantre de la Contre-Réforme catholique, avec un grand respect des convenances liturgiques.
Cependant, la conception des Vêpres est très originale pour l'époque. Si le Deus in adjutorium, 5 psaumes, un Hymnus et le Magnificat sont présents, 5 pièces en forme de concerti sacri se sont ajoutées. Ces pièces sont les plus modernes d'un point de vue de l'écriture musicale, le Nigra sum et Pulchra es sont écrits sur la forme du récitatif, coïncidant avec la naissance de l'opéra. Ce style nouveau, où toute la passion contenue dans les paroles est directement exprimée par la mélodie, est mélangé avec un style plus traditionnel, polyphonique, de la Renaissance (que l'on retrouve d'abord dans les 5 psaumes, l'Hymne et le Magnificat). Dans le Deus in adjutorium, la psalmodie du choeur est associée à une fanfare instrumentale qui fait référence à la Toccata de l'Orfeo (qu'il a précédemment composé). Ainsi, il intègre des éléments de musique profane, sans nuire à l'essence religieuse de l'oeuvre. Parmi les autres difficultés d'interprétation, il y a sans cesse un équilibre à trouver entre les passages théâtraux et les passages de recueillement, entre virtuosité vocale/instrumentale et une pureté du matériau initial. C'est en cette complexité que réside le génie des Vêpres de Monteverdi , comparable au Messie de Haendel ou aux passions selon Saint-Jean et selon Saint-Matthieu de Bach en terme d'importance dans l'histoire de la musique sacrée.

