Bartók : Divertimento pour orchestre à cordes

François-Xavier Roth ©Radio France
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Bartók : Divertimento pour orchestre à cordes
25 min
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Bartók : Divertimento pour orchestre à cordes

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Sous la direction de François-Xavier Roth, l'Orchestre national de France joue le Divertimento pour orchestre à cordes composé par Béla Bartók

Le Divertimento pour cordes de Bartók est, d’une certaine manière, une musique du sursis. Elle fut commandée au début de l’été 1939 par Paul Sacher, tout comme le Double concerto pour deux orchestres à cordes, piano et timbales de Martinů, quelques semaines avant le début de la Seconde Guerre mondiale, alors que Bartók s’apprêtait à s’exiler aux États-Unis (il traversera l’Atlantique à l’automne 1940 et mourra d’une leucémie à New York cinq ans plus tard). « Encore un moment de bonheur ! », s’exclamait le compositeur fou d’angoisse. Trois ans plus tôt, Paul Sacher lui avait déjà commandé une autre partition d’une grande audace formelle : la Musique pour cordes, percussion et célesta.

Bartók a conscience que l’Europe est une nouvelle fois au bord du suicide et propose à Sacher de renouer avec une forme qui a fait ses preuves : « Je pense à une sorte de concerto grosso qui alternerait avec un concertino. (...) Je trouverais sympathique l’idée d’une alternance entre les tutti et les soli. » De fait, l’œuvre, même si elle est moins variée de couleurs, est saturée d’une angoisse plus vive encore que celle qui lestait la Musique pour cordes, percussion et célesta.

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Le Divertimento se présente comme une sérénade masquée : « Divertimento, disait Bartók, désigne une musique angoissante car elle fait ressentir l’angoisse de l’auteur qui doit retourner à la guerre. » Il ne s’agit pas tant, cependant, d’une référence au XVIIIe  siècle que d’un hommage à la Hongrie éternelle. L’Allegro non troppo initial enchaîne en effet avec élégance et souplesse plusieurs danses magyares, dont les syncopes donnent son dynamisme au mouvement tout entier. Changement d’ambiance avec le Molto adagio central, tragique et menaçant : on se retrouve là dans les couleurs de certains épisodes de la Musique pour cordes, percussion et célesta. L’Allegro assai final retrouve l’énergie dansante du premier mouvement, avec tout à coup un passage pour violon seul qu’on jugerait presque sentimental s’il n’était emporté de nouveau par l’orchestre. Bartók s’autorise une très brève gavotte en pizzicato, puis nous précipite vers la conclusion.

Musicopolis
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