Prokofiev : Concerto pour piano et orchestre n°3 par Beatrice Rana

Prokofiev : Concerto pour piano et orchestre n°3 par Beatrice Rana ©Radio France
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Prokofiev : Concerto pour piano et orchestre n°3 par Beatrice Rana

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La pianiste Beatrice Rana joue le 3e Concerto pour piano et orchestre de Serge Prokofiev (1891-1953) avec l'Orchestre national de France sous la direction d'Emmanuel Krivine. Extrait du concert donné le 31 mai 2018 en direct de l'Auditorium de la Maison de la Radio (Paris).

En déplacement à Chicago pour la première mondiale de son opéra L’Amour des trois oranges, Prokofiev y crée son Troisième Concerto pour piano et orchestre sous la baguette de Frederic Stock. C’est son premier concerto écrit après la Révolution bolchévique, et en dehors de Russie.

En 1912, Prokofiev avait choqué Saint-Pétersbourg par un Premier Concerto à l’énergie juvénile, entre provocation et humour, tandis que sa Toccata opus 11 marquait les esprits par l’ivresse de son « motorisme » – martèlement qui voulait exprimer l’époque, ère de l’industrialisation de la Russie, des machines, du chemin de fer, des usines. Un an plus tard, deux fois plus long que le Premier, le Deuxième concerto en avait radicalisé les tendances et fait scandale : contrastes plus abrupts, dissonances plus marquées, orchestre riche en déflagrations sonores, partie de piano athlétique. Ce fut un tollé dans la salle. Un an plus tard, la guerre éclatait. 1917 mit Lénine au pouvoir. Prokofiev parti pour l’étranger au printemps 1918 : séjour qu’il imaginait bref mais qui dura près de dix-huit ans. C’est en France, trois ans après le départ de Russie, que le Troisième Concerto voit le jour. S’il n’a rien perdu de la virtuosité du Deuxième avec ses traits, ses accords martelés, ses sauts du grave à l’aigu, ses courses d’arpèges, l’ensemble est moins abrupt, le lyrisme plus affleurant : ainsi à l’ouverture de l’œuvre, confiée à une clarinette « piano dolce », soutenue par flûtes et cordes. Sur cette trame poétique se greffe soudain le piano, tout de suite brillant et véloce. Rebondissement, jeunesse, dialogue par courtes séquences avec l’orchestre, le caractère général est donné. Les climats sont variés, les changements de tempi rapides. L’ensemble est en trois mouvements : un Andante-Allegro, un Andantino structuré en thème et variations (cinq variations), un finale de forme ABA. 

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La force percussive et la tonalité d’ut majeur donnent à l’œuvre une clarté qui frappa l’écrivain Constantin Balmont le jour où, passant par hasard des vacances à côté de lui, à Saint-Brévin-les-Pins, Prokofiev alla lui jouer son concerto. Poète symboliste admiré, source d’inspiration de plusieurs œuvres vocales de Prokofiev, dont la sauvage incantation Sept ils sont sept, Balmont s’était exilé de Russie en France en 1920, après des mois de froid et de faim. Le Troisième Concerto lui inspira un sonnet qu’il dédia au compositeur : « Scythe invincible, frappant dans le tambourin du soleil. »

C’est le musicologue Boris Assafiev (sous son nom de plume Igor Glebov) qui devait donner, en 1925, à Moscou, dans la revue Musique contemporaine (Sovre - mennaia muzyka, 1925, n°10) l’évocation la plus détaillée et enthousiaste de la partition, et ce quelques jours avant sa création russe : « Ardeur toujours brûlante du tempérament musical de Prokofiev », « fraîcheur de la musique, brillance du traitement, originalité des combinaisons, inventivité de tous les rapprochements thématiques (…) tels sont les premiers éléments qui nous fascinent dans ce concerto ».

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