Sony, Philips et Herbert von Karajan : le trio qui a créé le CD

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Sony, Philips et Herbert von Karajan : le trio qui a créé le CD

Herbert von Karajan
Herbert von Karajan

Le 17 août 1982, le premier CD de l’Histoire est créé dans une usine à Langenhagen, près de Hanovre (Allemagne). Une naissance à laquelle le chef d’orchestre Herbert von Karajan a largement contribué.

Il y a 33 ans jour pour jour, le premier CD (ou disque compact) voit le jour grâce à l’étroite collaboration entre Sony et Philips. Au milieu de ces deux géants de l’industrie musicale, le chef d’orchestre Herbert von Karajan a joué un rôle important en liant une relation privilégiée avec Norio Ohga, président de Sony dès 1982.

Norio Ohga est un homme d’affaires japonais passionné de musique classique. Après ses études de musique, il part à Berlin en 1954 pour devenir chanteur lyrique et se produit dans toute l’Europe. Puis il rentre au Japon et rejoint Sony pour participer au lancement du premier baladeur à cassettes : le Walkman. En 1982, il est l’un des piliers de la création du premier CD avec son directeur, Akio Morita (fondateur de Sony), l’entreprise Philips et son ami Karajan.

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Mais avant que la collaboration se fasse, les deux entreprises se livrent une guerre des formats. D’un côté, Philips, qui travaille sur le « compact disc » depuis 8 ans, prévoit un format d’une heure (11,5 cm de diamètre). Face à lui, Sony souhaite créer un disque de 150 minutes soit 12 cm de diamètre.

Ce serait Herbert von Karajan qui aurait eu le mot de la fin sur la question du format de ce nouveau CD. Le chef d’orchestre aurait permis à Norio Ohga d’avancer un argument clé pour trancher le débat : sa 9ème Symphonie de Beethoven enregistrée en 1951 au Festival de Bayreuth dure 74 minutes, une durée qui correspond au format avancé par Sony.

Karajan a aussi facilité les échanges entre les deux entreprises : d’un côté il est ami avec Norio Ohga (Sony), de l’autre il est affilié à Deutsche Grammophon (Philips), label qui réalise un tiers de ses ventes grâce au chef autrichien. Un bon moyen de faire pression sur Philips. Le format décidé par Sony (12 cm) est donc adopté pour tous les CDs.

Lors de la conférence pour le lancement du premier CD, Karajan se retrouve entre les deux directeurs, Joop Sinjou de Philips et Akio Morita de Sony. On connaît le goût du chef pour la médiatisation, mais c’est aussi par amour pour les nouvelles technologies que Herbert von Karajan a choisi de participer à l’un des plus grands projets de l’industrie musicale.

Le chef suit activement le projet depuis les premiers débats sur la possibilité de créer un son numérique. Dans sa recherche de la pureté sonore, Karajan voit dans le CD un moyen de gommer les imperfections sans trop altérer la qualité de la musique. Dans son studio creusé dans un bunker sous sa propriété d’Anif (près de Salzbourg), le chef tente de nouvelles expériences sonores. Il oscillera toute sa vie entre chef d’orchestre et technicien du son.

Comme un remerciement pour le travail du chef, le premier disque classique est un enregistrement de la Symphonie alpestre de **Richard Strauss ** par Herbert von Karajan avec l 'Orchestre philharmonique de Berlin. Le marché du disque est ensuite inondé de classique, avec près de 200 titres mis en vente. Les industries du disque prennent le pari de miser sur le classique pour cibler leurs ventes : les mélomanes sont en quête de qualité sonore. Mais le boum du CD n’arrive finalement qu’en 1985 avec la sortie de *Brothers in arms * du groupe Dire Straits.

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