Qui compose le cabinet de Françoise Nyssen, ministre de la Culture ?

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Qui compose le cabinet de Françoise Nyssen, ministre de la Culture ?

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Françoise Nyssen, ministre de la Culture, en déplacement à Marseille. En arrière-plan à gauche, Claire Guillemain, conseillère spectacle vivant
Françoise Nyssen, ministre de la Culture, en déplacement à Marseille. En arrière-plan à gauche, Claire Guillemain, conseillère spectacle vivant
© AFP - Franck Bessière

Claire Guillemain, ancienne directrice générale de l’orchestre national de Lorraine et de Metz en Scènes, vient d'être nommée conseillère spectacle vivant auprès de Françoise Nyssen. L'occasion de s'intéresser à ceux qui murmurent à l'oreille de la ministre.

Depuis la nomination de Françoise Nyssen au ministère de la Culture dans le gouvernement d’Edouard Philippe, on en sait plus sur la composition de son cabinet. Marc Schwartz a été nommé directeur de cabinet et Claire Guillemain, conseillère pour le spectacle vivant, en charge de la musique notamment. Mais qui sont ces précieux conseillers qui soufflent à l’oreille de la nouvelle ministre ?

Marc Schwartz, directeur de cabinet : le libéralisme au service de la Culture

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Marc Schwartz, entouré de Fleur Pellerin et d'Emmanuel Macron, en 2015 alors qu'il était chargé d'établir une feuille de route pour France Télévisions
Marc Schwartz, entouré de Fleur Pellerin et d'Emmanuel Macron, en 2015 alors qu'il était chargé d'établir une feuille de route pour France Télévisions
© AFP - Dominique Faget

En tant que collaborateur privilégié de la ministre, c’est à lui que revient la lourde tâche de faire fonctionner toute la machine ministérielle et d’agir comme une tour de contrôle des informations qui doivent - ou non - remonter jusqu’à la ministre. A cet exercice, Marc Schwartz, 53 ans, est loin d’être un débutant. Énarque (promotion 1988), passé par la cour des comptes, il débute son expérience ministérielle à Bercy et conseille notamment Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter et Florence Parly. Au début des années 2000, son parcours l’emmène à France Télévisions où il occupe le poste de directeur financier puis de directeur général adjoint en charge de la gestion et des finances sous la présidence de Marc Tessier.

Il part ensuite dans le privé pour rejoindre une banque d’investissement du Crédit Agricole, et fonde et dirige la société AS Conseil. A partir de 2008, il revient peu à peu vers le public en acceptant diverses missions de médiation. Il est chargé de trouver un accord entre la presse et La Poste, la réforme de Presstalis, puis de trouver une solution au conflit opposant Google aux éditeurs de presse en 2012. Enfin en 2015, il mène les négociations entre les plateformes de streaming, les producteurs et les ayants droit pour mettre en place une rémunération plus équilibrée. Entre temps, il est nommé conseiller maître à la Cour des comptes et est missionné par le gouvernement pour établir la feuille de route de France Télévisions pour la période 2015 -2020. En 2016, il est nommé médiateur du livre où il est chargé de la « conciliation des litiges portant sur l’application de la législation relative au prix du livre ». C’est certainement à ce titre qu’il fait la connaissance de Françoise Nyssen, patronne de la maison d’édition Actes Sud. Il se met en disponibilité de la Cour des comptes en février dernier pour rejoindre l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron en tant que coordinateur du programme culture et médias.

Dans le milieu de la musique, Marc Schwartz n'était pas forcément connu avant de prendre en charge la médiation sur les questions de streaming et de rémunérations. Les négociations n'ont pas été simples et ont donné lieu à un accord, dit accords Schwartz signés par une vingtaine d'organisation syndicales, d'organismes et d'entreprises. Pourtant, les deux principales sociétés de perception des droits : l’Adami et la Spedidam ont refusé de les signer, cette dernière parlant d'un « désastre pour les artistes-interprètes ». L'homme ne semble donc pas faire l'unanimité au sein des instances du milieu de la musique.

En tant que directeur de cabinet, c'est lui qui influencera certaines décisions de la ministre. Une vision davantage tournée vers l'industrie musicale (musiques actuelles, majors, etc.) et qui pourrait faire craindre des jours difficiles pour tout le secteur des musiques subventionnées, dont la plupart des ensembles de musique classique font partie. C'est d'ailleurs lui qui va s'occuper du dossier de la création d'une maison commune de la musique, adossée au CNV, le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz. Un projet qui divise le secteur puisqu'il pourrait être l'arme cachée du gouvernement pour justifier d'éventuelles baisses de subventions. Il se dit en coulisses que Marc Schwartz souhaiterait que la musique classique - ou subventionnée - s'aligne sur le modèle des musiques actuelles, c'est-à-dire en mettant en place des crédits d'impôts pour soutenir le secteur.

Claire Guillemain, conseillère spectacle vivant : la passionnée de musique classique

Claire Guillemain, conseillère spectacle vivant de Françoise Nyssen, ministre de la Culture
Claire Guillemain, conseillère spectacle vivant de Françoise Nyssen, ministre de la Culture

Son intégration dans le cabinet de la ministre de la Culture est un signal fort envoyé au monde de la musique classique. Claire Guillemain, 44 ans, conseillère spectacle vivant de Françoise Nyssen, a passé une bonne partie de sa vie professionnelle dans le secteur. Musicienne entrée au conservatoire dès son enfance, directrice déléguée de l'ensemble baroque La Simphonie du Marais, fondé par Hugo Reyne, elle est devenue en 2009 déléguée générale du syndicat Profedim, organisme de représentation des producteurs, festivals et diffuseurs indépendants de musique. Un poste où elle est restée jusqu'en 2016 et qui lui a permis de connaître de nombreux acteurs musicaux. Elle est ensuite nommée par Audrey Azoulay - la précédente ministre de la Culture - au poste de directrice générale de l'Orchestre national de Lorraine ainsi que de Metz en scène, un établissement public de coopération culturelle qui regroupe trois salles de concert. Poste qu'elle quittera un an après sous fond de mésentente avec l'adjoint à la culture et surtout de nomination au ministère.

Claire Guillemain a également été présidente de la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma (Fesac). C'est principalement à ce titre que son engagement a été unanimement salué, notamment pour son rôle dans la résolution de l'épineux dossier de réforme de l'assurance chômage des intermittents. En 2016, patronat et syndicats avaient trouvé un accord pour pérenniser ce régime spécial mettant fin à un conflit de longue date. C'est sans doute ce qui explique que son nouveau poste de conseillère auprès de la ministre comprend le spectacle vivant (théâtre, musique, danse) mais également tout l'aspect social qui en découle. Elle aura la lourde charge de suivre l'accord sur l'intermittence entré en vigueur en août 2016. Sa connaissance des dossiers et son rôle dans la signature de l'accord lui a certainement valu de se voir remettre les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur le 1er juin dernier des mains de Manuel Valls en personne

Sa connaissance du secteur musical classique et son engagement auprès des ensembles subventionnés vont donc peut-être entrer en contradiction avec les positions libérales défendues par Marc Schwartz. Une différence de point de vue qui devrait être salutaire mais tout de même déséquilibrée puisque Claire Guillemain aura moins de pouvoir que son directeur de cabinet. Elle a d'ores et déjà entamé les consultations des différentes organisations syndicales dans le cadre du dossier de création d'une maison commune de la musique. Dossier sur lequel le Profedim, syndicat qu'elle a géré pendant 8 ans, est plutôt réservé.

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