La Seine Musicale, nouvel écrin culturel de l’ouest parisien

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La Seine Musicale, nouvel écrin culturel de l’ouest parisien

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L'auditorium de la Seine Musicale de l'île Seguin entouré d'une voile mobile faite de panneaux solaires. (© Laurent Blossier)
L'auditorium de la Seine Musicale de l'île Seguin entouré d'une voile mobile faite de panneaux solaires. (© Laurent Blossier)

Bâtie à la place de l’ancienne usine Renault sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt, la Seine Musicale s’apprête à ouvrir ses portes et à rééquilibrer l’offre culturelle parisienne en s’implantant à l’ouest de la capitale.

Il aura fallu attendre longtemps pour que l’île Seguin entame une nouvelle vie. Après avoir accueilli une usine Renault de 1929 à 1992, ce bout de terre de 11,5 hectares situé sur la Seine entre Sèvres et Boulogne-Billancourt se cherchait un avenir. François Pinault avait envisagé d’y construire un musée d’art contemporain avant de jeter l’éponge et de partir pour Venise. Jean Nouvel voulait y ériger des tours de bureaux et des commerces mais c’est finalement un autre projet qui a été retenu par le Conseil départemental des Hauts-de-Seine : celui d’une Cité musicale.

Lancé en 2013 avec un partenariat public-privé entre le département et l’opérateur Tempo - Ile Seguin constitué de Bouygues, Infravia, TF1 et Sodexo, le projet a rapidement vu le jour puisque la Seine Musicale, c'est son nom, a été dévoilée lors d’une conférence de presse ce mercredi 21 septembre et ouvrira ses portes au printemps 2017. Shigeru Ban, architecte japonais lauréat du prix Pritzker 2014 et** Jean de Gastines**, architecte français ont conçu l’impressionnant bâtiment aux allures de paquebot. Le duo, à qui l’on doit déjà le Centre Pompidou - Metz, a souhaité en faire une porte d’entrée occidentale de Paris en y ajoutant un symbole iconique fort avec cet “oeuf” ou “nid”, c’est selon, qui coiffe ce navire de béton. C’est dans cette sphère enveloppée d’une résille en bois, de plaques vitrées aux reflets irisés et flanquée d’une voile mobile faite de panneaux solaires, que se trouve l’une des deux salles de ce nouvel équipement culturel, l’auditorium de 1 150 places.

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Le plafon de l'Auditorium de la Seine Musicale conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines. (© Laurent Blossier)
Le plafon de l'Auditorium de la Seine Musicale conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines. (© Laurent Blossier)

C’est l’une des principales singularités de ce projet, la capacité d’accueillir “toutes les musiques du baroque au rock ” comme l’explique Jean-Luc Choplin, ancien patron du Théâtre du Châtelet à Paris et désormais en charge de la programmation de la Seine Musicale. L’autre salle, la plus grande avec 4 000 places assises et 6 000 debout, permettra d’accueillir des concerts amplifiés, des comédies musicales ou du théâtre musical. Choplin a l’ambition d’en faire un “lieu de destination et fête musicale permanente ” et compte bien se servir de l’expérience de son passage au Châtelet pour “donner une identité à ce lieu ”.

Pour se démarquer du projet de la Philharmonie, le double symétrique de la Seine Musicale puisque située à l’est de Paris, la programmation accordera autant d’importance aux musiques actuelles qu’au classique. “C’est ainsi que nous pourrons trouver un équilibre financier, c’est un impératif. L’auditorium aura vocation à accueillir des concerts plus classiques et difficilement rentables alors que la grande salle accueillera en location des concerts rocks avec lesquels il est possible de gagner de l’argent ” détaille Jean-Luc Choplin.

Les grands orchestres internationaux devraient s’y produire, bien qu’aucun nom n’ait été annoncé pour l’instant, ainsi que des comédies musicales telle West Side Story, Tsotsi, tiré du film My name is Tsotsi de Gavin Hood, en coproduction avec l’Opéra du Cap en Afrique du Sud. La Seine Musicale accueillera plusieurs festivals dont Les Etés de la danse avec la compagnie d’Alvin Ailey, des nouvelles formes de concerts avec par exemple une soirée “De Haendel à Hendrix” confiée à Jean-Christophe Spinosi et son ensemble Matheus, des concerts autour de la musique des jeux vidéos, des joutes musicale avec Jean-François Zygel, des feuilletons musicaux conçus sur le style des séries télévisées, etc.

La Seine Musicale sera également le lieu de résidence d’Insula Orchestra, la formation de Laurence Equilbey, qui proposera le festival Mozart Maximum en juin ou encore la Création d’Haydn mise en scène par la troupe catalane La Fura dels Baus. La Maîtrise des Hauts-de-Seine dirigée par Gaël Darchen y posera aussi ses valises, le contre-ténor Philippe Jaroussky installera son Académie musicale à destination des jeunes musiciens et des futurs professionnels.

La Seine Musicale, et son coût de 170 millions d’euros, dont 120 millions de la poche du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, a l’ambition de se placer d’emblée sur la carte des grandes institutions culturelles internationales. Des commerces dédiés à la culture et des restaurants y seront aussi implantés, autour d'une "rue couverte" conçue comme un espace de promenade. Un grand jardin recouvre le toit de la grande salle et un écran géant de 800 m2, l'un des plus grands d'Europe, est installé sur le parvis afin d'afficher la programmation à venir ainsi que pour retransmettre les concerts.

Avec cette nouveau complexe musicale, l'offre culturelle parisienne n'aura jamais été aussi étoffée. Le public réussira-t-il à suivre ? L'implantation géographique de la Seine Musicale sera-t-elle un frein ? Et surtout, cette initiative public privée, la première en France pour un équipement culturel, saura-t-elle trouver son mode de fonctionnement ? Lors de la conférence de presse, les différents acteurs sont restés assez flous sur la question du budget de fonctionnement. Jean-Luc Choplin laisse entendre qu'il n'a pas encore été fixé et qu'il lui appartient de lever des fonds supplémentaires pour assurer sa programmation.

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