La filière musicale évalue ses pertes à 4,5 milliards d’euros en 2020

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La filière musicale évalue ses pertes à 4,5 milliards d’euros en 2020

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« C'est la première fois que la filière prend la parole de façon unie », Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem
« C'est la première fois que la filière prend la parole de façon unie », Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem
© Maxppp - Christophe Morin

« Si les pouvoirs publics ne répondent pas présents, ce sera la défaite de la musique » : c'est le cri de détresse de la filière musicale en France, qui évalue ses pertes à 4,5 milliards d'euros en 2020 en raison de la crise sanitaire.

Les données ont été rendues publiques par l'association Tous pour la musique (TPLM), d'après une étude du cabinet d'audit EY. Les pertes de chiffre d'affaire de la filière musicale dans son ensemble sont « estimées à 43% du prévisionnel de l'année 2020, soit 4,5 milliards d’euros ».

Les activités les plus touchées sont celles « du spectacle de musiques actuelles et de variétés, avec des pertes qui représentent 83% de leur CA prévisionnel en 2020, soit 2,3 milliards d'euros. Avec plus de 4 300 annulations, les spectacles de musique classique et de création sont également fortement touchés », poursuit TPLM.  

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La défaite de la musique 

« C'est la première fois que la filière prend la parole de façon unie », expose à l'AFP Jean-Noël Tronc, directeur général de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). « Pour la filière, c'est la non-fête de la musique. Car pour une bonne partie du secteur, tout reste fermé. Si les pouvoirs publics ne répondent pas présents, ce sera la défaite de la musique ».

« Ce n'est pas un plan de relance dont a besoin la filière mais d'un plan de reconstruction, car on parle ici de destructions de valeurs irréparables », insiste-t-il.

« Dans le rouge » 

« L'arrêt du live et une industrie qui tournera au ralenti pendant toute l'année 2020 va fortement gréver les revenus des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique : la crise du Covid-19 va engendrer près de 250 millions de manque à gagner pour les droits d’auteur musicaux en 2020, soit 23% du revenu prévisionnel sur l’année » , peut-on encore lire dans le rapport. « Quant aux artistes interprètes, ils vont perdre plus de 46 millions de revenus, et ce hors pertes liées à l'annulation des spectacles ».

La Sacem elle même est touchée. « L'assemblée générale de la Sacem a voté une mesure exceptionnelle qui permet de plonger la société dans le rouge, détaille Jean-Noël Tronc_. D'ordinaire, la règle est ne pas avoir de déficit supérieur à 5%. Là, c'est un niveau de 15 à 20% qui a été autorisé_ ».

Plus globalement, la crise aura « également un impact social avec un risque fort sur les emplois » (257.000 actuellement dans la filière musicale), « mettant en lumière les grandes fragilités des métiers de la filière musicale », insiste TPLM.

« Vers une hécatombe »

Le patron de la Sacem regrette que les « mots forts » d'Emmanuel Macron prononcés lors de son intervention sur la culture le 6 mai n'aient pas été suivis d'effets. A l'instar du reste de la filière. « Si les organisateurs de spectacles, producteurs, festivals, n'ont pas de plan de relance adapté, on va vers une hécatombe en 2021 », prévient ainsi auprès de l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues.

« L'Etat a fait de gros efforts, très appréciés pour les intermittents. Mais on attend toujours un plan de relance pour ceux qui les font travailler, les entreprises du spectacle » , s'inquiète auprès de l'AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest, festival dédié à la scène metal.

« Le président de la République avait parlé de quatre mois sans charge pour les auteurs-compositeurs, mais depuis il n'y a eu aucune précision sur la mise en oeuvre et c'est préoccupant », développe pour sa part Jean-Nöel Tronc.

La filière musicale propose quelques mesures pour maintenir sa tête hors de l'eau, comme « davantage de clarté et d'anticipation dans les conditions de réouverture des salles de spectacle et d'autorisation des festivals, afin de répondre au besoin de visibilité ». « Au niveau de l'accompagnement social et fiscal, il faut prolonger de 18 mois, soit la fin 2020 et tout 2021, le dispositif d'activité partielle pour les entreprises de spectacle », cite encore Jean-Nöel Tronc.

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