L'avenir incertain des agences artistiques

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L'avenir incertain des agences artistiques

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Les agences artistiques en grande difficulté
Les agences artistiques en grande difficulté
© Getty

Le coronavirus et le confinement n’ont pas fait des ravages que chez les artistes. Autre secteur touché, plus méconnu, celui des agents d’artistes. Un moment difficile pour la plupart d’entre-eux.

C’est une période compliquée, y compris pour les agents artistiques. Chargés de gérer les carrières des artistes, de les représenter, et de négocier les contrats, ils sont essentiels. Considérées comme puissantes, certaines agences artistiques n’ont pourtant pas survécu au coronavirus.  Fin août, l’agence Américaine CAMI, qui a notamment représenté Herbert Von Karajan ou Leonard Bernstein, et qui comptait dans ses rangs des artistes renommés comme Maurizio Pollini ou Anne-Sophie Mutter, a mis la clé sous la porte. Le coronavirus aurait eu raison d’une des plus vieilles et réputées agences artistiques au monde. Ce n'est pas forcément la cas pour Jacques Thélen, directeur de l’agence qui porte son nom, et qui représente des stars comme les frères Capuçon, ou Khatia Buniatishvili. Il pense "qu’ils avaient envie de fermer, point à la ligne."

Autre son de cloche pour Clément Ledoux, co-fondateur de l’Agence, qui représente Michel Fau ou Léa Desandre,  pour qui "la crise liée au coronavirus et les annulations de saisons entières aux Etats-Unis ont forcément des conséquences très compliquées pour la gestion d’une agence comme celle de la CAMI." 

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Les agences françaises en difficulté ? 

Jacques Thélen explique que "Rien n’est simple. Pour les grandes agences, qui avaient l’habitude d’organiser des tournées d’orchestres, c’est une catastrophe. Il y a des agences à Londres où ils avaient 30-40 collaborateurs et en ce moment, ils se retrouvent avec deux-trois collaborateurs. C’est pareil en Allemagne. celles qui avaient  20-30 collaborateurs se retrouvent à deux ou trois . Les grosses agences ont plus à craindre que les petites. Les petites, on a beaucoup plus de travail qu’avant parce qu’il faut annuler, reporter, décaler, refaire les contrats. Quand il y a des concerts qui recommencent, les cachets baissent. On souffre aussi et puis, comme les cachets diminuent, nos pourcentages diminuent également."  

Clément Ledoux, qui est cette fois, sur la même ligne que son homologue, ajoute que "Le confinement et l’arrêt total de diffusion de la musique et des concerts étaient évidemment un arrêt concret du chiffre d’affaires de notre agence. On a la chance d’être une petite structure avec quatre collaborateurs, donc on est plus flexibles, selon moi, pour naviguer dans la tempête. Si l’activité ne pouvait pas reprendre, et les signaux actuels sont quand même très compliqués, on aura de vraies difficultés pour affronter, en tout cas avec la même équipe, l’année 2021. Or on a besoin de rester avec la même équipe parce que paradoxalement, les concerts annulés ça veut dire aussi beaucoup de travail pour nous au quotidien, et on a besoin d’avoir tout le monde présent. J'espère vraiment que l’activité va pouvoir reprendre un peu plus pour affronter 2021."

La fin de l’année 2020 et le début de l’année 2021 seront déterminants pour les agences artistiques. Si les conditions sanitaires perdurent, et si elles ne bénéficient d'aucune aide de l'état comme c'est actuellement le cas, l’hiver risque d’être très compliqué pour bon nombre d’entre elles. Il en va de la survie d’une industrie, celle de la musique.  

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