Disparition du trompettiste Wallace Roney des suites du Covid-19

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Disparition du trompettiste Wallace Roney des suites du Covid-19

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Wallace Roney à Jazz à Vienne, en 1996
Wallace Roney à Jazz à Vienne, en 1996
© Getty - David Redfern

Le trompettiste et compositeur américain Wallace Roney, protégé de Miles Davis, est mort mardi 31 mars de complications liées au Coronavirus. Il avait 59 ans.

Le trompettiste américaine de jazz et compositeur Wallace Roney nous a quittés mardi 31 mars de complications liées au Covid-19. Âgé de 59 ans, il est mort à Paterson, dans le New Jersey. 

Longtemps associé à l’héritage de son ami et mentor Miles Davis, Wallace Roney s’est imposé au fil de sa carrière comame un grand leader au langage musical affirmé, s’éloignant peu à peu du post-bop, dont il reste aujourd’hui l’une des figures importantes, en se rapprochant de rythmes plus funk. 

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« Tu me regardes comme je regardais Dizzy »

Wallance Roney est né le 25 mai 1960 à Philadelphie, en Pennsylvanie. Il étudie à la Duke Ellington School, puis au Berklee College of Music, avant de s’installer à New York. En 1983 il y fait une rencontre décisive, celle de Miles Davis, à l’occasion d’un concert donné en hommage à ce dernier. 

Wallace Roney est alors âgé de 23 ans et de cette rencontre naît une grande amitié. « Beaucoup de gens disent, ‘j’ai fréquenté Miles, mais je n’ai jamais parlé de musique avec lui’ », déclarait Wallace Roney dans une interview de 2016 rapportée par le New York Times. « Devinez quoi ? Moi je l’ai fait. Je l’aimais pour sa musique, et il me parlait de musique tout le temps. Il fallait gagner le respect de Miles Davis, et ce n’était pas donné à tout le monde ». 

« Tu me regardes comme je regardais Dizzy », lui avait dit Miles Davis, en référence à son mentor, Dizzy Gillespie

Le point culminant de cette amitié est un concert historique à Montreux, en 1991. Affaibli, Miles Davis insiste pour que Wallace Roney partage la scène avec lui et l’épaule dans les solos difficiles, sous la direction de Quincy Jones. Au côté de son idole, Wallace Roney interprète deux œuvres orchestrales, Porgy and Bess et Sketches of Spain. Miles Davis décède trois mois plus tard, offrant sa trompette à Wallace Roney avant de mourir. 

L’année suivante, Wallace Roney se fait une place parmi les musiciens de Miles Davis, Tony Williams, Wayne Shorter, Herbie Kancock et Ron Carter, pour une tournée d’hommage dont né un disque, A Tribute to Miles, récompensé d’un Grammy Awards en 1995. 

Parallèlement, en 1986, Wallace Roney est contacté par deux batteurs légendaires, Tony Williams et Art Blakey. Il rejoint les Jazz Messengers puis le quintette de Tony Williams, formations avec lesquelles il rencontre un succès international. 

Il sort son premier album en 1987, Verses, chez Muse Records. On lui doit en tout une vingtaine d’albums en tant que leader, dont trois chez Warner Bros. 

Si les critiques musicaux pouvaient lui reprocher son manque de distance vis-à-vis de Miles Davis, le style de Wallace Roney s’est largement développé par la suite, notamment dans ses compositions dans lesquelles il combinait son amour du passé et un langage plus personnel. Associé au post-bop, il a exploré de nombreux territoires musicaux, la free, la fusion, aux côtés de musiciens divers, son épouse, la pianiste Geri Allen, au début de sa carrière, Ornette Coleman, Sonny Rollins, Joni Mitchell ou encore McCoy Tyner. Puisque que Wallace Roney était avant tout Wallace Roney, rappelle de nombreux articles dans la presse, qui lui rendent aujourd’hui hommage. 

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