Coronavirus : le monde musical entre précaution et psychose

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Coronavirus : le monde musical entre précaution et psychose

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A Wuying, en Chine, le festival de musique a été annulé cette année en raison de la propagation du Coronavirus
A Wuying, en Chine, le festival de musique a été annulé cette année en raison de la propagation du Coronavirus
© AFP

Face à la multiplication du nombre de malades atteints par le Coronavirus à travers le monde, le milieu musical prend ses précautions, mais cède parfois à la psychose et à la stigmatisation des personnes originaires d'Asie.

Plus de 360 morts en Chine, et près de 17 500 cas d'infections confirmés ce lundi 3 février. Le coronavirus inquiète, et même si l'immense majorité des cas sont concentrés sur le territoire chinois, des mesures sont mises en place à travers le monde entier pour limiter sa propagation.  

Dans un tel contexte, l'annulation de la tournée de l'orchestre symphonique de Boston en Asie est logique, d'autant que certaines des salles où devait se rendre l'orchestre ont fermé leurs portes. L'ensemble dirigé par Andris Nelsons a annulé ses huit dates, du 6 au 16 février, à Hong Kong, Shangai, Taipei et Séoul : « la santé et le bien-être des musiciens est notre première préoccupation » a assuré le président de l'orchestre, Mark Volpe.   

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Dans l'Iowa, aux Etats-Unis, c'est le concert d'un orchestre chinois, le Shanghai Chinese Orchestra, qui a agité les habitants de Muscatine, dans l'est de l'Etat. Pour que l'événement se déroule bien, jeudi 30 janvier, les organisateurs ont dû répondre aux inquiétudes des habitants et expliquer que les artistes ne venaient pas de Wuhan, ni d'aucune région en quarantaine. L'impressionnante propagation du virus, et sa médiatisation, a fait naître une crainte déraisonnée pour tout ce qui vient, de près ou de loin, de Chine.      

Précautions, psychose et stigmatisation 

De la précaution à la psychose, il n'y a qu'un pas, et certains ne tardent pas à le franchir. C'est le cas en Australie, où le journaliste Nick Miller relève que l'Orchestre symphonique de Melbourne a vu son concert pour le Nouvel An lunaire se déserter, alors que certaines personnes qui y ont assisté portaient un masque. Le chef Yi Zhang, initialement programmé, s'est lui-même placé en quarantaine et le pianiste Jieni Wan ne doit sa participation qu'au fait qu'il était précédemment aux Etats-Unis. La directrice générale de l'institution Sophie Galaise explique au journaliste que certains événements de mécénat ont été reportés, et que les spectateurs qui le souhaitaient ont pu changer leur billet pour un autre spectacle. Comme en France, où le mouvement #JeNeSuisPasUnVirus souligne la stigmatisation des personnes d'origine asiatique, l'Australie voit surgir une certaine forme de xénophobie.  

Stigmatisation, discrimination, c'est aussi le triste constat des étudiants d'origine asiatique de la prestigieuse Académie Sainte Cécile, à Rome. Mercredi 29 janvier, le directeur du conservatoire Roberto Giuliani a envoyé à ses équipes un message électronique leur enjoignant de demander aux étudiants « orientaux » de ne pas venir en cours pendant au moins une semaine, « en raison des événements bien connus liés à l'épidémie chinoise ». 

Dans des messages postés sur les réseaux sociaux, et relayés par le Washington Post, les étudiants visés font part de leur désarroi, et décrivent la multiplication des agressions racistes dans la capitale italienne : certains ont été arrêtés alors qu'ils entraient dans le bâtiment, alors que d'autres sont moqués par les étudiants non-asiatiques. Face à la polémique, le directeur de l'institution a affirmé ne jamais avoir voulu discriminé qui que ce soit, et promis que les étudiants coupables d'insultes racistes seront punis. Malgré ces déclarations, les suspensions n'ont pas été levées.   

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