Les années d'or avec Ashley Kahn (1/5) : épisode • 1/10 du podcast Les 75 ans de Blue Note

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Sur les 75 années du label Blue Note, une décennie exceptionnelle, 1955-66, aura non seulement vu la publication d'une pluie de chefs-d'œuvre, mais carrément donné à voir et à entendre une quintessence du jazz.

Quel autre label a à ce point ancré le jazz dans l’imaginaire, dans la légende ? Créé en 1939 par Alfred Lion, un juif allemand émigré à New York par amour du jazz (il y ramena les 78 tours qu’il avait gagné à la sueur de son front lors d’un premier séjour malheureux), Blue Note a contribué de manière décisive à donner au jazz une légitimité culturelle. Pourquoi et comment ?

Quatre facteurs allaient s’avérer déterminants :

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  • la direction artistique : le choix par Alfred Lion d’artistes créateurs (compositeurs et improvisateurs) de premier plan, presque tous afro-américains : Sidney Bechet, Thelonious Monk, Horace Silver, Art Blakey, Herbie Hancock, Jimmy Smith…
  • les photographies de Francis Wolff immortalisant en noir et blanc et en format carré des icones intemporelles prenant des allures de héros statufiés par l’utilisation fréquente de la contre-plongée.
  • la typographie et la mise en scène (plutôt que mise en page) du recto des 30cm par Reid Miles, ses inventions graphiques, ses choix de couleurs : un sommet des arts appliqués du XXème siècle.
  • la prise de son de Rudy Van Gelder, une extrême qualité et une « signature » dans la mise en avant égalitaire des instruments et dans la dynamique du rendu que l’on écoute comme si l’on était installé au milieu des musiciens.

Quatre mousquetaires dont l’association tient moins du hasard (Alfred Lion et Francis Wolff étaient amis de longue date à Berlin) que du d’une alchimie parfaite. Qui étaient-ils ? On crut que c’était le son d’une époque… C’est le son du jazz ! Un cocktail imparable d’enracinement, d’innovation, de flamme et de puissance expressive. C’est l’explication de ce mystère Blue Note que nous sommes allés chercher à New York auprès des deux plus fins connaisseurs du label : Ashley Kahn et, pour la deuxième semaine, du 12 au 16 mai, Michael Cuscuna.

Enseignant à la New York University, écrivain (on lui doit deux livres de référence, les making of du « Kind Of Blue » de Miles Davis et du « A Love Supreme » de John Coltrane), journaliste et conférencier et Ashley Kahn prépare un livre sur l’histoire de Blue Note, Something Else, qui sortira en 2015.

Il livre en avant-première quelques-uns des secrets de la « famille » pour une première semaine centrée sur la décennie 1955-66, celle des chefs d’œuvres intemporels signés John Coltrane ou Eric Dolphy pour des albums uniques considérés comme les sommets de leur carrière ou des séries de Lee Morgan, Horace Silver ou Art Blakey et ses Jazz Messengers… Autant d’arrêts sur image sur un bouquet de chefs-d’œuvres ainsi que sur les soubresauts des années suivantes et la renaissance du label avec une nouvelle génération.

Blue Note * propose une astucieuse Timeline* sur son site, pour parcourir le catalogue.

FIP fête également les 75 ans du label Blue Note et c'est par ici .

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