Concours Besançon 2015 : c'est qui le chef ?

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Alors que la 54e édition du concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon a débuté depuis mardi dernier, focus sur les candidats français et leur préparation pour cette prestigieuse compétition.

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Plus de 270 candidats du monde entier ont été auditionnés en avril dernier et ils n'étaient plus que 20 mardi dernier pour entamer les phases finales du concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon, l'un des concours les plus vieux et les plus prestigieux de la planète.

Depuis le début du concours, les finalistes auront eu à diriger une palette assez large de tout ce que doit savoir faire un chef : programme symphonique, opéra, oratorio, concerto, création contemporaine... ce qui pose la question de comment se préparer à un tel concours et comment réussir à convaincre membres du jury et musiciens en un temps aussi court : 15 minutes par candidat ?

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Parmi les 20 candidats, trois français ont été sélectionnés pour les sessions avec orchestre au Kursaal de Besançon. Alexandre Jung, 32 ans, a été le premier des trois à s'attaquer aux deux mouvements des Suites de danses pour orchestre de Bela Bartok.

Le français n'a pas bénéficié du même temps de préparation puisqu'il a su seulement 10 jours avant le début du concours qu'il y participerait. Jung a été repêché sur une liste d'attente confidentielle grâce au désistement d'une candidate. "Je suis presque tombé de ma chaise quand j'ai reçu le coup de téléphone. D'un point de vue musical, je savais que j'étais capable de relever le défi mais c'est le côté pratique qui m'a fait peur ".

Alexandre Jung, 32 ans, lors des huitièmes de finale du Concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)
Alexandre Jung, 32 ans, lors des huitièmes de finale du Concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)

Participer à un concours demande en effet un peu de préparation logistique : faire de la place dans son emploi du temps, trouver un logement à sa charge, voyager à ses frais (le concours prend une partie en charge), se faire ravitailler en nourriture, en vêtements, etc. Ensuite vient la partie la plus importante : la préparation musicale.

"Il faut évidemment connaître les partitions par coeur mais il faut aussi avoir une stratégie. La première épreuve de 15 minutes passe très vite, il faut donc repérer à l'avance un passage complexe où l'on sait qu'on aura la possibilité de faire un travail intéressant. Après cela ne suffit, il faut aussi avoir une écoute très attentive pour réagir à ce que les musiciens proposent " explique Alexandre Jung.

Et ce qui rend plus complexe le rôle du chef d'orchestre, c'est la capacité à devoir imposer son autorité musicale instantanément en posant le pied sur le podium. Peu importe le fait que vous ne connaissiez pas les musiciens et que vous soyez bien plus jeune qu'eux. Pour réussir cette entrée en matière, les candidats ont tous répétés leur façon d'arriver sur scène. Un pas décidé, une main tendue vers le premier violon, une courbette à destination du jury et du public, un petit mot d'humour pour briser la glace pour certains, d'autres sont plus directs et commencent à battre la mesure à peine arrivés au pupitre.

Victorien Vanoosten, le deuxième français en lice, a suivi des cours de direction à Paris et à Helsinki. "J'ai un goût prononcé pour l'école finlandaise en matière de direction. Jorma Panula avait l'habitude de nous expliquer qu'on avait le droit à 10 mots et 10 secondes pour parler à l'orchestre. La musique doit avant tout passer par le geste, le regard " explique Vanoosten, qui est actuellement chef assistant de Lawrence Foster à l'Opéra de Marseille.

Victorien Vanoosten, 31 ans, au sortir de la première épreuve du concours. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)
Victorien Vanoosten, 31 ans, au sortir de la première épreuve du concours. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)

15 minutes d'épreuve par candidat. La durée peut paraître cruelle et frustrante pour les compétiteurs mais elle bien suffisante selon Jean-François Verdier, membre du jury et directeur musical de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté. "Je crois qu'en 2 ou 3 minutes on est capable de se faire une idée. Richard Strauss disait même que cela se passait au moment où le chef arrivait au pupitre. Les musiciens sentaient tout de suite qui aurait le pouvoir. Au bout des 15 minutes, on sent chez certains candidats qu'on tourne un peu court, que le chef est arrivé au bout de sa vision. Et que ce soit dans ce concours ou dans la vraie vie, on ne cherche pas à engager quelqu'un pour quinze minutes mais pour une vision à long terme ".

Jean-François Verdier rappelle à juste titre que les chefs professionnels ont rarement le temps et l'occasion d'apprendre à connaître un orchestre où ils sont invités à diriger. Le concours se veut fidèle à ce que vivent nombre de maestro tout au long de l'année avec les emplois du temps plus que serrés qui sont les leurs.

Pour la finale de dimanche, les candidats auront cette fois plus de temps. 45 minutes chacun pour diriger trois oeuvres : The Chairman Dances de John Adams, des extraits de Variations sur un thème d'Haydn op. 56 A de Johannes Brahms et surtout, l'incontournable création de musique contemporaine. Cette année, c'est le compositeur Guillaume Connesson -également membre du jury- qui a écrit une oeuvre spécialement pour l'occasion.

Le jury du 54e Concours de chefs d'orchestre de Besançon. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)
Le jury du 54e Concours de chefs d'orchestre de Besançon. (© Victor Tribot Laspière / France Musique)

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