Francesco Filidei en trois mots : architecture, tradition et geste sonore

Publicité

Isabella Vasilotta nous livre les portraits de trois compositeurs au programme du Festival "Présences" 2016, consacré à l'Italie. En trois mots, voici Francesco Filidei : architecture, tradition et geste sonore.

Lundi 1er, mardi 2 et mercredi 3 février, la musicologue, compositrice, et directrice artistique du Concours International de Piano XXe d'Orléans Isabella Vasilotta nous livre les portraits de trois compositeurs à l'honneur du Festival Présences 2016: Luca Francesconi, Fausto Romitelli et Francesco Filidei. Voici "en trois mots", portrait de Francesco Filidei :

L’Architecture est le premier mot clef pour comprendre la musique de Francesco Filidei qui construit de véritables sculptures sonores inscrites dans l’espace temps. Comme un architecte qui dessine les murs d’une pièce qui sera ensuite habillée de meubles, Filidei procède de la même manière avec sa musique... mais comment construire des murs sonores? En se donnant des repères grâce à la création d'une structure formelle solide comme par exemple celle de sa première Ballata. Sa structure musicale est construite sur une gamme chromatique et chaque section repose sur une note de cette gamme.

Publicité

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Dans ce morceau Filidei et son ingénieur du son Lorenzo Bianchi ont également construit une architecture externe : cette pièce est interprétée par Filidei lui meme, jouant l’orgue de l'église de Saint Eustache à Paris. L'acoustique de ce lieu a été déformée pour ce morceau dont le son a été volontairement espacé. Cette caractéristique d'espacer le son est le propre de l'orgue, instrument de Francesco Filidei.

«L’orgue offre la possibilité de s’exprimer avec les mains, les pieds et la tête, d’avoir un orchestre entier et un espace infini à gérer en même temps. »

Ces mots de Francesco Filidei nous permettent d'introduire un deuxième mot clef : le geste instrumental. De même que l’organiste sollicite à l’extrême l’ensemble de son corps, les travaux de Filidei utilisent le corps entier du musicien et l'espace qui l'entoure afin d’en faire des entités sonores. En ce sens, la musique de Filidei est particulièrement visuelle. C'est le cas du morceau I funerali dell'anarchico serantini, pour six percussionnistes et une table que nous écoutons ici :

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Cette vidéo permet de comprendre la notion de geste sonore... car tous les sons que vous venez d'entendre viennent d'une table. Dans la musique de Filidei le bruit du geste quotidien se transforme en geste sonore lorsqu’il s’inscrit dans l'architecture globale du morceau de musique...

Et à propos de geste sonore, l’une des caractéristiques incontournables de la musique de Filidei est l'utilisation des appeaux et des instruments jouets...

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Cette vidéo est extraite de concertino d'Autunno, travail dans lequel Filidei déconstruit l'Automne de Vivaldi qui apparaît néanmoins en filigrane, joué par un violon qui semble lutter contre les jouet et les appeaux...

Cette référence Vivaldienne nous donne ici l'occasion d'introduire le troisième et dernier mot d'aujourd'hui... la tradition. Et c’est sur ce mot que je laisse la parole à Filidei :

« J' ai un amour sans bornes pour la tradition, pour moi ce qui compte c’est de préserver et faire revivre, à travers ma musique, ce que les générations ont vécu avant moi, et transmettre ce que nous vivons maintenant pour l’avenir. Je sculpte et colore le temps, je le découpe en segments. »

Et sur le sens même de la musique...

« Toute musique, nous dit-il, doit porter en elle-même cette question : qu’est-ce que la musique ? Qu’est ce qui me pousse à être un compositeur ? (...) Il faut chercher là où est sa limite et se poser la question fondamentale de l’homme : D’où viens-je, qui suis-je ?... Là où naît le son il y a un mystère et c’est le même mystère que celui de notre naissance. » (Francesco Filidei)

** Sur le même thème **

L'équipe

pixel