La culture au cœur de la future campagne électorale néerlandaise

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Aujourd’hui, notre chroniqueur Antoine Pecqueur est à Amsterdam. C’est ainsi l’occasion de faire le point sur le bras de fer qui s’engage entre le milieu artistique et les populistes du parti PVV en vue des prochaines législatives de mars prochain…

Le climat pré-électoral néerlandais est déjà marqué par la montée en puissance des populistes. Le leader d’extrême-droite Geert Wilders a publié le programme de son parti : fermeture des mosquées, interdiction du Coran… Le message est clair, « Les Pays-Bas sont à nouveau à nous », et il n’est pas uniquement à destination des musulmans et des étrangers, c’est également la culture qui est visée. De la télévision publique en passant par les éoliennes, Wilders exprime sa volonté de réduire au minimum les subventions publiques pour espérer, selon ses calculs, récupérer 10 milliards d’euros.

Son discours est tel que la coalition de centre-droit au pouvoir revoit ses propres positions. Mené par le libéral Mark Rutt, le gouvernement mettait, il y a deux ans, la culture à la diet. Ainsi, le Concertgebouw d’Amsterdam enregistrait un déficit de 800 000 euros, les chaines de télévision fusionnaient… Désormais, la question de la culture intègre une place véritable dans les prérogatives du gouvernement néerlandais qui entend bien engager des politiques en ce sens pour la période 2017-2020. En effet, 18 millions d’euros seront alloués à un programme de coopération culturelle visant également à stabiliser les pays autour de l’Europe (Egypte, territoires palestiniens, Mali…). Un beau symbole en somme.

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Les artistes aussi réagissent à ce changement dans le paysage politique national.
Si au lendemain du Brexit, le PVV, anti-européen, réclamait également un référendum sur la question, le Concertgebouw a quant à lui lancé le projet « Side by side » (« côte à côte »). Pendant 2 saisons, l’orchestre se produira dans les 28 pays de l’Europe (Royaume-Uni compris) et accueillera même pour une des œuvres un orchestre de jeunes local. L’initiative a déjà séduit le public irlandais et slovène, et pour ce soir, ce sera les néerlandais. Pour Jan Raes, du Concertgebouw, l’objectif est « d’offrir une autre image de l’Europe qu’on assimile uniquement aujourd’hui aux questions économiques ».

Les électeurs s’exprimeront en mars prochain dans les urnes, mais les derniers sondages inquiètent : les populistes du PVV sont crédités de 27 sièges sur 150, soit 15 de plus qu’actuellement. Reste à savoir si d’ici là, le gouvernement réussira à sensibiliser la population aux enjeux culturels en donnant à la culture toute la place qu’elle mérite dans les questions politiques et sociétales.

Antoine Pecqueur est en direct d'Amsterdam

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