Eliogabalo à l'Opéra national de Paris-Opéra Garnier

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Eliogabalo à l'Opéra national de Paris-Opéra Garnier

Le mercredi 28 septembre 2016 à 00h00
Eliogabalo @ Opéra Garnier
Eliogabalo @ Opéra Garnier

Jusqu'au 15 octobre 2016, France Musique est partenaire d' Eliogabalo, Opéra en trois actes (1999). Donné pour la première fois, cet Opéra de Francesco Cavalli (1602-1676) est porté par la direction de Leonardo García Alarcón, la voix de Franco Fagioli et la mise en scène de Thomas Jolly.

« Eliogabalo est langoureux, efféminé, libidineux, lascif ; regarde, observe, que le ciel te protège. » Lenia, Acte I, scène 11

Ouvrage jugé trop sulfureux pour la censure vénitienne qui déprogramma la création d'Eliogabalo en 1668, pièce tardive d'un Cavalli au faite de son art, il n'en fallait pas plus pour convaincre l'Opéra de Paris d'ajouter un titre à son répertoire, permettant de surcroit d’attirer le chaland amateur de musique baroque et titillé par quelques effluves de stupre…

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Absente de la scène jusqu'en 1999, année où le Teatro San Domenico de Crema en Italie décide son exhumation publique, la partition connaîtra une belle production belge en 2004, avec pour maîtres d’œuvre René Jacobs et Vincent Boussard, avant de réapparaître dans les radars en cette rentrée parisienne pour une création nationale confiée à Thomas Jolly, figure de proue de la jeune garde du théâtre français, célèbre pour avoir dynamité le répertoire shakespearien, qui fait avec cet Eliogabalo ses premiers pas dans le répertoire lyrique (en attendant Fantasio à l'Opéra Comique en 2017).

De ce livret subversif, le jeune metteur en scène de 34 ans valorise la véhémence des passions grâce à une direction d'acteurs économe qui privilégie l'intensité du mouvement à la quantité, et évite soigneusement de sombrer dans l’obscénité, pour ne pas dire dans la facilité. Plutôt déstabilisant pour le spectateur moderne habitué, voire blasé, à la vue de scènes de débauches et de nudité gratuites à l'opéra, le normand joue plutôt la carte de la suggestion, respectant – presque – ces règles de bienséance chères au théâtre du 17e siècle.

Mis à part trois paires de seins et quelques torses nus plutôt chastes, c'est le décor qui se dépouille, seulement habillé de lumière (comme les filles du Crazy Horse), une mise en lumière plutôt audacieuse, signée Antoine Travert, qui constitue l'un des atouts majeurs de cette production. En revanche, quant aux costumes, on passera sur les toges stylisées au goût de déjà vu et les slips kangourous des danseurs...

Albina Belabiod

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