La Cour des comptes préconise la fusion des deux orchestres de Radio France

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La Cour des comptes préconise la fusion des deux orchestres de Radio France

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Alors que Radio France entame son 14e jour de grève, un rapport de la Cour des comptes la gestion du groupe de service public et préconise des propositions choc dont la fusion de l'Orchestre national de France et l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

Le rapport de la Cour des comptes ne devrait pas calmer le climat social déjà tendu depuis 14 jours à Radio France. Intitulé "Radio France : les raisons d'une crise, les pistes d'une réforme " ledit rapport, devant être publié ce mercredi 1er avril, fustige la gestion du groupe de radio publique et parle d'une "entreprise en état de crise financière ". Selon la Cour des comptes, le déficit de 21 millions d'euros auquel doit faire face Radio France cette année est due à une gestion "peu rigoureuse " et à une mauvaise appréhension de la baisse des dotations de l'Etat.

Les sages de la rue Cambon pointent surtout le chantier de réhabilitation de la Maison de la Radio dont le coût a été "mal maîtrisé " et le fait que Radio France ne se soit pas "dotée d'une organisation et de procédures adaptées ". Le chantier est en effet passé d'un budget de 262 millions d'euros en 2004 à 575 millions d'euros actuellement.

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Autre point mis en exergue par le rapport, des effectifs "importants " en hausse de 14% quand ceux de la fonction publique diminue. Un recours à l'intermittence de 12% de la masse salariale en 2013. La Cour des comptes s'en prend également à la gestion des antennes dont les budgets ont augmenté de 27,5% "sans recherche de coordination des activités ni de mutualisation des moyens ".

Le rapport préconise des propositions choc pour Radio France qui ont fait vivement réagir. Notamment la fusion des deux orchestres, le National et le Philharmonique, dont la coexistence "pose question ". Une réforme rejetée en bloc par les 250 musiciens concernés. Le maintien des deux orchestres est d'ailleurs l'un des quatre préavis de grève déposés par les syndicats qui eux penchent plutôt vers une baisse négociée des effectifs, pourvu qu'elle soit "proportionnée" aux efforts demandés au reste de la maison.

"Le National pourrait se recentrer sur la musique française, y compris les répertoires et compositeurs méconnus, tandis que le Philharmonique aurait un répertoire plus large, plus audacieux à certains égards ", suggère Jean-Paul Quennesson (Sud), lui-même corniste au National.

La direction avait estimé la semaine dernière que "Radio France n'a pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un choeur et une maîtrise pour un coût de 60 millions d'euros, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ". Le pdg Mathieu Gallet avait évoqué la piste de se séparer de l'Orchestre national de France et de le transférer au Théâtre des Champs Elysées, proposition rejetée par la Caisse des dépôts, propriétaire majoritaire de la salle parisienne.

Lors de l'assemblée générale des salariés grévistes du mercredi 1er avril, une musicienne a pris la parole pour dénoncer les coûts de fonctionnement "erronés " relayés par la presse, rappelant au passage qu'ils ne représentent que 6% du budget global de Radio France. Elle a insisté sur les identités fortes, à la fois différentes et complémentaires du National et du Philharmonique en se demandant pourquoi avoir ouvert un "auditorium flambant neuf " si c'est pour faire disparaître un orchestre. Visiblement très émue et en pleurs, la musicienne a conclu son intervention en parlant du rôle "vital de la musique dans l'état du monde actuel ". Une prise de parole vivement saluée par une standing ovation.

Jean-Pierre Odasso, représentant permanent (élu par les musiciens) de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, a vivement réagi: "C'est une atteinte à la culture au sens large. On pourrait aussi imaginer qu'on va fermer les musées! On pourrait fermer les conservatoires, pourquoi former de jeunes musiciens si on supprime les orchestres? "

Le rapport de la Cour des comptes préconise également la fusion des trois rédactions de France Inter, France Info et France Culture. Proposition cette fois rejetée par Mathieu Gallet, qui dans un courrier interne a assuré "qu'il ne souhaite pas une telle option qui ne correspond pas à (sa) vision du pluralisme de l'information et de la complémentarité des antennes ". Peu engagés dans le mouvement social jusqu'à présent, les journalistes sont appelés à une journée de grève par le SNJ Radio France vendredi 3 avril.

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